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table des matières de SERENUS SAMMONICUS

 

SERENUS SAMMONICUS.

 

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

NOTICE SUR QUINTUS SERENUS SAMMONICUS.

Les écrivains de l’antiquité font mention de deux Sammonicus, le père et le fils, tous deux célèbres par leur savoir au commencement du iiie siècle de l’ère chrétienne. Le père fut tué dans un festin par ordre de Caracalla. Il avait composé un grand nombre d’ouvrages scientifiques, dédiés à ce prince, et possédait une bibliothèque de soixante-deux mille volumes. Le fils hérita de cette bibliothèque, et la légua en mourant à Gordien le Jeune, dont il avait été précepteur. C’est tout ce que l’Histoire nous apprend de ce dernier; et l’on ne peut douter que le père ne soit l’auteur du poème de Medicina, qui nous est parvenu sous le nom de Quintus Serenus Sammonicus, d’autant que Lampride le cite au nombre des poètes dont Alexandre Sévère faisait sa lecture habituelle. Du reste, on ne lit nulle part qu’il ait, a proprement parler, exercé l’art de guérir, et il paraît probable qu’à l’exemple de tant d’autres poètes didactiques, il a consacré ses loisirs à composer un poème sur la médecine sans pratiquer la science qu’il avait choisie pour objet de ses chants. Macrobe, qui l’a cité dans ses Saturnales, dit seulement que c’était un homme savant pour son siècle : vir saecuto suo doctus.

Enfin, pour ne rien omettre de ce qui peut jeter quelque jour sur la personne de Sammonicus, disons qu’Arnobe invoque son témoignage et celui de plusieurs autres auteurs (c’est le mot dont il se sert) à l’appui d’une particularité peu importante. Cette citation nous explique pourquoi Vossius, qui voyait partout des historiens, l’a mis dans sa nomenclature.

En résumé, Sammonicus est pour nous un poète-médecin. Comme écrivain, il ouvre la liste des poètes du iiie siècle; comme médecin, il nous fait connaître l’état de l’art médical à la même époque. Son poème est compose de onze cent dix vers et divisé en soixante-cinq chapitres. La versification en est assez soignée, quoiqu’elle ne laisse pas de se ressentir un peu de la décadence des lettres. Sous le rapport de la science, il est certain qu’il y a plus à profiter pour la curiosité et l’érudition que pour l’art de guérir. Son livre est semé de fables et d’idées superstitieuses; mais en cela il partage une erreur commune à toute l’antiquité. Toutefois il blâme, en général, l’emploi des moyens cabalistiques. Il se donne comme le médecin des pauvres; et, selon lui, les remèdes les plus simples sont aussi les plus sanitaires. Au surplus, le poème de Sammonicus appartient moins à la science qu’à l’histoire de la science: c’est un de ces ouvrages qui veulent être jugés au point de vue du temps où ils ont été composes. En jetant un coup d’œil sur les différents âges de la médecine, on pourra se faire une idée de ce que devait être cet art au commencement du troisième siècle.

L’histoire de la médecine, par une singularité remarquable, a toujours été alliée à celle de la philosophie, et ces deux sciences ont subi les mêmes destinées. Originaire de l’Egypte, où les prêtres l’exerçaient comme une science secrète, de passa de là en Grèce, et y devint la propriété héréditaire des Asclépiades ou descendants d’Esculape. C’est de cette famille qu’était Hippocrate. Il fit de la médecine une science d’observation, une science libre, et, à ce titre, il en fut le véritable fondateur. La doctrine d’Hippocrate se confondit dans la suite avec la philosophie de Platon à Alexandrie, où l’on voit s’élever successivement l’école empirique, l’école méthodique, l’école pneumatique, et enfin l’école éclectique, que le nom de Gallien a rendue célèbre. Lorsque Galien passa d’Alexandrie à Rome, Celse avait déjà initié les Romains aux connaissances des Grecs en médecine. Mais ce ne fut guère, on le sait, que dans la science du droit que les Romains se sont montrés véritablement créateurs. Ajoutez à cela que l’alliance étroite de la médecine avec la philosophie païenne, rivale du christianisme naissant, la fit tomber dans la théurgie. On n’alla donc pas plus loin que Galien; on ne fit plus que compiler et apprendre sans méthode ce qui était écrit; si quelqu’un y ajoutait, ce n’étaient que des conjectures ou des superstitions.

Le système de Galien, qui se soutint pendant toute la durée du moyen Age, reçut des Arabes, vers le xe siècle, un notable perfectionnement. A la même époque commença l’école de Salerne, fameuse dans l’histoire moderne de la médecine. L’établissement de cette école doit son origine aux moines du mont Cassin. Saint Benoît avait imposé à ses moines l’obligation de soigner les malades et de les guérir par la prière et l’exorcisme. Les disciples se conformèrent aux prescriptions du maître; mais, outre la prière, ils ne laissèrent pas d’avoir recours aux moyens offerts par la nature. Le mont Cassin devint surtout célèbre dans le xie siècle par le séjour qu’y fit Constantin l’Africain, né a Carthage, qui, après avoir fréquenté pendant près de quarante ans les écoles des Arabes à Bagdad, fut regardé dans son pays comme un sorcier. Il s’était d’abord réfugié auprès de Robert Guiscard, premier duc de la Pouille, qui le nomma son secrétaire; plus tard, il se retira dans le couvent du mont Cassin, y passa les dernières années de sa vie, occupé à traduire en latin les ouvrages arabes qu’il avait recueillis dans ses voyages. Cependant les bénédictins avaient fondé dans le royaume de Naples divers autres monastères, dont le plus illustre fut celui de Salerne. Les moines de ce couvent surpassèrent ceux du mont Cassin, et leurs travaux jetèrent les fondements de la science moderne. A partir du xvie siècle, l’histoire de la médecine devint celle de toutes les autres connaissances humaines, et l’art médical entra, comme toutes les sciences naturelles, dans la voie du progrès, guidé par le flambeau de la véritable philosophie.

L. Baudet.




 

DE MEDECINA PRAECEPTA

PRECEPTES MEDICAUX

Prooemium

Membrorum series certo deducta tenore

Ut stet, et assimilis medicinae defluat ordo,

Principio celsa de corporis arce loquamur.

 

Phoebe, salutiferum quod pangimus [1] assere carmen

Inventumque tuum prompto comitare favore.

Tuque, potens artis, [2] reduces qui tradere vitas

Nosti atque in caelum manes revocare sepultos,

Qui colis Aeginam, [3] qui Pergama quique Epidaurum,

Qui quondam placidi tectus sub pelle draconis

Tarpeias arces [4] atque indita templa petisti

Depellens tetros praesenti numine morbos:

Huc ades et quicquid cupide mihi saepe roganti

Firmasti, nunc tu teneris expone papyris. [5]

Avant-Propos.

Pour suivre un ordre méthodique dans l’indication des remèdes applicables aux diverses maladies qui attaquent la santé de l’homme, je commencerai par ceux qui regardent les affections de la partie la plus éminente du corps, c’est-à-dire de la tête.

O Phébus! c’est pour le bonheur des humains que j’entreprends ce poème; daigne soutenir mes chants, accorde ta protection à un art que tu as inventé. Et toi, digne héritier de l’art paternel, toi qui peux rappeler les mânes du tombeau et rendre la vie et la lumière a un corps mortel, dieu d’Egine, de Pergame et d’Epidaure, qui, jadis, sous la forme d’un serpent inoffensif, vins fixer ton séjour dans le temple que la reconnaissance des Romains t’éleva sur la roche Tarpéienne et d’où tu protèges la vie des hommes contre les tristes fléaux du corps, inspire-moi, et tous les secrets que, cédant à mes instances, tu m’as si souvent dévoilés, permets-moi en ce jour de les confier au léger papyrus.

I. Capiti medendo.

Balsama si geminis instillans auribus indas,

Tum poteris alacrem capitis reparare vigorem.

Vel quae septenis censentur gramina nodis [6]

Utiliter nectes, vel corno ex arbore sertum.

Pulegiumve potens una super aure locabis

Aut illud mixto recoquens clementer aceto

Cauta nare trahes; seu visco splenia nexo

Induces fronti seu tritae gramina menthae;

Spongia cum tepidis annexa liquoribus imbris

Profuit, aut hedera ex oleo colata vetusto.

Profuit et cocleis frontem tractare minutis.

Si nocuit cerebro violentia solis aperto,

Saepe chelidonia ex acido perducta liquore

Sanavit: prosunt et amica papavera somno,

Si prius in lento madefacta coquantur olivo.

I. Des remèdes contre les affections de la tête.

Le mal de tête cède à plusieurs remèdes il suffit tantôt d’épancher dans les oreilles quelques gouttes de baume; tantôt de se couronner la tête avec des feuilles de cornouiller, ou de cette espèce de plante dont la tige se divise en sept articulations. Appliqué sur une oreille, le pouliot n’est pas moins efficace; on peut aussi le faire bouillir avec du vinaigre sur un feu modéré, et aspirer doucement cette décoction par les narines. Un cataplasme de gui ou de menthe, appliqué sur le front, a la même vertu. L’expérience recommande encore l’application d’une éponge imbibée d’eau de pluie tiède, ou un cataplasme de lierre bouilli avec de l’huile vieille. Il est également bon de se frotter le front avec des limaçons broyés. La chélidoine trempée de vinaigre a souvent guéri les maux de tête causés par l’ardeur du soleil; le pavot soporifique, bouilli avec de l’huile, a la même efficacité.

II. Hemicranio medendo. [7]

Portio si capitis morbo tentetur acuto,

Allia diversam, lana contecta, per aurem [8]

Inducta prosunt, et eodem balsama pacto;

Allia vel ternis piperis terna addita granis. [9]

Trita lines: certam dabit haec tibi cura salutem.

II. Contre la migraine.

Enveloppé dans un flocon de laine et introduit dans l’oreille opposée à celle où est le mal, l’ail ou le baume est un remède efficace contre cette douleur aiguë qui affecte une partie de la tête. On obtient aussi le même effet par des frictions faites avec trois gousses d’ail et trois grains de poivre broyés ensemble.

III. Porrigini depellendae.

Est insensibilis morbus, sed noxia formae, [10]

Quum caput immensa pexum porrigine ningit,

Copia farris uti frangentibus edita saxis. [11]

Hanc poterit malvae radix decocta levare;

Aut tu foeniculum nitrumque et sulphura viva

Contere; deinde caput permixtis obline cunctis;

Furfuribusve novis durum miscebis acetum,

Ut varios crines [12] tali des unguine puros.

Prodest et tarda demptus testudine sanguis,

Et prodest cedro demissus ab arbore sucus.

Desinet interea glomerari farrea nubes

Cessabitque gravis crebrae porriginis imber.

III. Contre la crasse de la tête.

La tête est sujette à une affection qui n’altère point la santé, mais qui choque la vue par un air de malpropreté: je veux parler de cette neige de crasse qui tombe des cheveux quand on les peigne, et qui ressemble à la farine qui blanchit la pierre sous laquelle on broie le blé. Une décoction de racine de mauve a la vertu de la dissiper. On peut encore se frotter les cheveux avec du fenouil, du nitre et du soufre vif broyés ensemble. Le vinaigre mêlé avec du son frais a une âcreté qui fait disparaître ces mouchetures qui les déparent. On peut se servir aussi du sang de la lente tortue ou du suc que le cèdre distille. Grace à ce remède, on n’aura plus à craindre de voir une nuée farineuse s’amonceler sur sa tête, et se résoudre en une pluie lourde et serrée de crasse.

IV. Capillo tingendo.

Quos pudet aetatis longae, quos sancta senectus

Offendit, cupiunt properos abscondere canos

Et nigrum crinem fuco simulare doloso,

His prodest acri contrita cupressus aceto

Vel frons lentisci vel tristia poma sabuci; [13]

Lumbrici quoque terrestres miscentur olivo

Et juvenem praestant redivivo flore capillum.

Praeterea niveum poterit depellere crinem,

Resina ex facili cera viscoque coacta.

Ad rutilam speciem nigros flavescere crines,

Unguento cineris praedixit Tullius auctor. [14]

Si praegnans artus captivi soricis edit, [15]

Dicuntur foetus nigrantia lumina fingi.

IV. De la teinture des cheveux.

Il y a des personnes qui rougissent et s’affligent de vieillir, et qui, lorsque leurs cheveux commencent à grisonner, voudraient déguiser sous un dehors trompeur les signes trop précoces, suivant eux, de la vénérable vieillesse. Le cyprès, la feuille du lentisque, la graine amère de l’hièble broyée dans du vinaigre, donnent une teinture très propre à noircir les cheveux. En se frottant avec de l’huile où l’on a broyé des vers de terre, on peut encore rappeler sur son front la fleur de la jeunesse. La résine pétrie avec de la cire et de la glu donne un onguent qui dissimule la blancheur des cheveux. Suivant Pline, la cendre a la vertu de rendre blonds les cheveux noirs. On dit que, si, pendant sa grossesse, une femme se décide à manger une souris, son enfant naît avec des yeux noirs.

V. Pthiriasi arcendae.

Noxia corporibus quaedam de corpore nostro

Progenuit natura volens abrumpere somnos,

Sensibus admonitis vigiles incendere curas.

Sed quis non paveat Pherecydis fata tragoedi, [16]

Qui nimio sudore fluens animalia tetra

Eduxit, turpi miserum quae morte tulerunt.

Sylla quoque infelix [17] tali languore peresus

Corruit, et foedo se vidit ab agmine vinci.

Saepius ergo decet mordax haurire sinapi,

Vel nitro ac sale permixtis, acidoque liquore

Laxatis (ut sint simul allia) tangere corpus,

Aut lacrimis hederae, aut suco perducere cedri,

Quin etiam furfur mixto medicatur aceto.

Unda maris lendes capiti deducet iniquas,

Et quicquid crebri defendit silva capilli.

V. Contre la maladie pédiculaire.

La nature semble avoir suscité a l’homme un ennemi dans son propre corps, en faisant naître de sa chair des insectes dévorants qui changent le repos des nuits en longues et cruelles insomnies: témoin la fin tragique de Phérécyde, qui périt dans des flots de sueur où fourmillait une vermine immonde; témoin le malheureux Sylla, qui devint la pâture d’une multitude d’insectes hideux dont il ne put se défendre. Pour remédier à cette affreuse maladie, il faut recourir à des substances mordantes et boire souvent des infusions de sénevé, ou se frotter le corps avec du vinaigre où l’on a broyé du nitre, du sel et de l’ail. On peut également employer en fomentation du suc de lierre ou de cèdre, ou bien du son mélangé avec du vinaigre. L’eau de mer a aussi la vertu de débarrasser la tête des lentes et de toute autre vermine qu’engendre et entretient une épaisse chevelure.

VI. Prurigini, papulis ac scabiei arcendis.

Illotus sudor, vel inopia nobilis escae [18]

Saepe gravi scabie correptos asperat artus.

Ergo lutum prodest membris adhibere fricatis,

Quod facit ex asino saccatus corporis humor. [19]

Nec pudeat tractare fimum, quem bucula fudit;

Stercoris ex porco cinerem confundito lymphis,

Sic scavidum corpus, dextra parcente, foveto;

Proderit ex oleo pulvis, quem congerit alte

Dulcibus ex latebris patiens formica laborum.

Convenit hinc tepido lita tradere corpora soli.

Ferventes papulas oleo curato liquenti,

Aut acido Baccho miscebis farra lupini

Atque hinc in calido percurres membra lavacro.

Pruritus autem salsos levat humor aceti,

Sive maris rabidi sudor cochleaeque minutae,

Quarum contactu perimetur acerba libido.

VI. Contre les démangeaisons, les papules et la grattelle.

Souvent le sédiment de la sueur ou le défaut de bonne nourriture fait naître sur la peau une grattelle maligne. Si vous voulez la faire disparaître, ne répugnez pas à vous frictionner avec de l’urine d’âne ou de la bouse de vache. Vous pouvez aussi vous fomenter légèrement avec du fumier de porc réduit en cendres et délayé dans l’eau. La poussière que la fourmi laborieuse amoncelle dans sa retraite chérie est encore, mêlée avec de l’huile, un bon spécifique. N’oubliez pas de soumettre ensuite le corps ainsi frictionné à l’action d’un soleil tempéré. — L’huile a une vertu adoucissante qui éteint l’inflammation des papules. On peut aussi pétrir de la farine de lapin avec du vinaigre, et s’en frotter le corps dans un bain chaud. — Les démangeaisons qui dévorent la peau cèdent à l’âcreté du vinaigre ou de l’écume de mer; l’humeur visqueuse qui sort des limaçons broyés produit le même effet.

VII. Phrenesi et capiti purgando.

Ex vitio cerebri phrenesis furiosa movetur

Amissasque refert frendens amentia vires,

Sive calens febris jactatos exedit artus,

Sive meri gustus, seu frigoris efficit aura.

Conveniet calidis pecudum pulmonibus apte

Tempora languentis medica redimire corona.

Illotis etiam lanis suffire memento.

Cerritum saepe horrendi medicantur odores.

Atque ideo sanos etiam curarier est par.

Purgatur cerebrum mansa radice pyrethri,

Ungitur et sucis, dederit quos parva sabucus,

Expressusque hederae mandatur naribus humor

Aut mixtum rutae cerebro instillatur acetum

Non semper praesens dolor est sanabilis: [20] ergo

Cura magis prodest venturis obvia morbis.

VII. Contre la frénésie et les embarras de la tête.

La frénésie a pour cause une altération du cerveau, et se manifeste par des transports furieux qui donnent au malade des forces extraordinaires, mais factices et passagères. Soit qu’elle ait été provoquée par l’ardeur d’une fièvre violente, ou par les fumées du vin, ou par le souffle pénétrant d’un vent glacial, on peut y remédier par l’application un poumon palpitant d’une brebis sur la tête du malade. La chaleur de la laine non lavée a la même vertu. Les odeurs fortes et repoussantes sont aussi d’un puissant effet contre la frénésie: on peut même s’en servir pour conjurer la folie. La racine de pyrèthre mâchée purifie le cerveau. Le suc d’hièble employé en fomentation, et le suc de lierre aspiré par le nez sont également salutaires. Le vinaigre imprégné de rue a aussi une vertu qui agit favorablement sur le cerveau. Il n’est pas toujours aisé de guérir le mal quand une fois il est venu: aussi la prudence veut-elle qu’on se tienne en garde contre celui qui peut nous assaillir.

VIII. De fluore capillorum et maculis capitis tollendis.

Defluit expulsus morbo latitante capillus,

Si raro lavitur; seu vis epota veneni

Seu salamandra [21] potens nullisque obnoxia flammis

Eximium capitis tactu dejecit honorem.

Nonnunquam variant maculae parvisque parumper

Orbibus aspersum ducit nova vulnera tempus:

Vipereae pellis cinerem his addito morbis

Roboreasve pilas ursino jungito sevo

Vel testudineo mala praemulceto cruore.

VIII. Contre la chute des cheveux et les taches de la tête.

Il n’est pas rare de voir les cheveux, frappes d’une maladie qui se dérobe à nos recherches, perdre leur sève et tomber. Cette maladie, qui prive la tête de son plus bel ornement, peut provenir ou de la malpropreté, ou de l’action funeste d’un breuvage empoisonné, ou du contact de ce reptile sur lequel les flammes n’ont pas de prise, et qu’on appelle salamandre. Quelquefois aussi le front se couvre de petites taches rondes, qui bientôt se changent en des affections nouvelles. Contre cette maladie, il faut employer en fomentation de la cendre de peau de vipère mêlée avec de la graisse d’ours et du gland; on peut aussi se fomenter la tête ou le front avec du sang de tortue.

IX. Humoribus et perfrictionibus medendis.

Saepe ita pervadit vis frigoris ac tenet artus,

Ut vix quaesito medicamine pulsa recedat.

Si ranam ex oleo decoxeris, abjice carnem,

Membra fove: parili sanat ratione rigorem

Urticae semen, perceptaque frigora vincit.

Et cervina potest mulcere medulla rigorem.

Decoctum raphani semen cum melle vorabis.

Sive fel ursinum tepefacta dilue lympha:

Proderit hoc fotu: seu cassis ostrea testis

Usta dabit cinerem, qui pro sale sumptus in escis

Discutiet gelidum calefacto vertice virus.

Nonnullus liquidum sumit, mulsumque sinapi

Atque palato agitat pariter retinensque vomensque.

Allia nonnulli mandunt, oleive liquore

Perfundunt calido cerebrum, nasique latebras.

Quidam lactucae credunt prodesse sapores:

Curandi modus hic et suavis et utilis idem est.

IX. Contre le coryza et le refroidissement.

Souvent le froid pénètre et saisit si fortement les membres, qu’il est très difficile d’y rappeler la chaleur. Faites bouillir alors dans de l’huile une grenouille, que vous retirerez quand elle sera cuite; puis frottez-vous le corps avec l’huile ainsi préparée. La graine d’ortie peut avantageusement remplacer la grenouille et guérit infailliblement les maladies causées par le refroidissement. Des frictions faites avec de la moelle de cerf peuvent aussi remédier à la roideur des membres. L’expérience conseille encore de boire une décoction de miel et de graine de raifort, on d’employer en fomentation du fiel d’ours délayé dans de l’eau tiède. La cendre de coquille d’huître, employée en guise de sel dans les aliments, a la vertu de guérir le coryza en ramenant la chaleur a la tête. Il y en a qui se gargarisent avec un mélange de vin miellé et de moutarde, d’autres mâchent de l’ail, ou se frottent le front et l’intérieur des narines avec de l’huile tiède. La laitue est aussi regardée comme un bon spécifique: c’est un remède efficace et agréable en même temps.

X. Elephantiasi propellendae.

Est elephas morbus [22] tristi quoque nomine dirus,

Non solum turpans infandis ora papillis,

Sed cita praecipitans funesto fata veneno

Huic erit adversus cedri de cortice sucus

Mustellaeque cinis, vel fusus sanguis ab illa.

Nonnulli dixere serum prodesse bibendo.

Mentastri folium potu apposituque salubre est.

Nec frustra bulbos et sulfura jungis aceto

Praeterea nitrum debes cum melle jugatum

Spargere lacte bovis, varias sic ungere frontes.

Cerussam, et chartam, quam gens Aegyptia mittit, [23]

Tunde simul misceque oleum, quod flore rosarum

Conditum est: line sic faciem, et sic redde salutem.

X. Contre l’éléphantiasis.

Il est une maladie dont le nom même est terrible: c’est l’éléphantiasis. Elle se manifeste par d’horribles pustules sur le visage, et emporte en peu de temps le malheureux qui en est atteint. Cependant on peut en arrêter les funestes ravages en prenant du sac d’écorce de cèdre, de la cendre de belette ou du sang chaud de cet animal. Le petit-lait passe encore pour un breuvage salutaire. La feuille de menthe sauvage, employée soit en boisson, soit en fomentation, n’est pas sans efficacité. On peut aussi se servir d’une combinaison de vinaigre d’oignons et de soufre. Fomentez encore le visage ulcéré du malade avec du nitre, du miel et du lait de vache mêlés ensemble. Enfin, broyez de la céruse avec des feuilles de papyrus, plante qui nous vient d’Egypte, et mêlez-y de l’huile de rose: cette mixtion, employée de la même manière, a une vertu dont vous pouvez bien espérer.

XI. Cutis et faciei vitiis propellendis.

Invida si maculat faciem lentigo decoram

Nec prodesse valent naturae dona benignae,

Erucam atque acidum laticem simul illine malis;

Proderit et bulbus mellis dulcedine victus,

Crudave dulcacido miscebis rapa liquori.

Sanguine vel leporis morbus delebitur oris.

Frons salicis cum flore suo contrita medetur.

Saepiolae cineres ex ossibus omnia tollunt.

Cygneos adipes hilari misceto Lyaeo,

Omne malum propere maculoso ex ore fugabis.

Horrebit si livor atrox aut nigra cicatrix,

Attrito sapone genas purgare memento,

Rugarum sulcos lentisci mastice tendens.

Si vero vitium est quod ducit ad impete nomen. [24]

Hoc matutina poteris cohibere saliva

Seu folio platani, quod mansum mane vorabis.

Foeda fluunt curvi quae purgamenta cameli

Urentur, cineremque dabunt, jungentur aceto

Mascula thura [25] simul, divinaque cura valebit. [26]

XI. Contre les infections de la peau et du visage.

Le visage est quelquefois marqué de taches de rousseur, qui semblent lui envier les dons de la bienveillante nature, et rendent la beauté en quelque sorte inutile. On peut y remédier en se frottant les joues avec du vinaigre où l’on a broyé de la roquette. L’âcreté de l’oignon tempérée par la douceur du miel, ou le jus d’une rave crue, mêlé a de l’oxymel, peut aussi faire disparaître ces taches. Le sang du lièvre a une vertu semblable. La feuille et la fleur du saule, broyées ensemble, sont également efficaces. La cendre des os du poisson qu’on appelle sèche guérit toutes les affections de la peau et la graisse de cygne, combinée avec la liqueur réjouissante de Bacchus, rend incontinent au visage sa fraîcheur première. — S’agit-il de ranimer un teint livide ou de faire disparaître de noires meurtrissures, il faut se frotter les joues avec du savon broyé, et remplir de suc de lentisque les sillons formés par les rides. Si le visage est ulcéré par des dartres, la salive, au matin, est une fomentation salutaire. Mangez encore, à jeun, des feuilles de platane; ou bien brûlez les excréments du chameau au dos recourbé, et mêlez-en la cendre avec du vinaigre et de l’encens: cette mixtion appliquée sur la peau est d’une merveilleuse efficacité.

XII. Aurium vitiis succurrendis.

Quum saevus teneras dolor alte sauciat aures,

Fraxinea in flammis fundit quem talea sucum

Instilles, sive obscenos ex virgine rores, [27]

Aut sucum ex folio, dederit quem populus alba:

Saepe chelidoniae rapidum sociatur acetum

Adjunctoque nitro procedit cura salubris.

Mentastri liquor expressus conducere fertur.

Infectum violis oleum bene consulit auri.

Annosa rubros si legeris arbore vermes,

Ex oleo tere, sic tepidos infunde dolenti.

Si vero obstrusa sensus remoretur in aure,

Lumbricos terrae sevumque ex ansere rauco

Excoque: sic veterem poteris depellere morbum.

Felque bovis surdis etiam prodesse loquuntur,

Si jungas olidae grave quod minxere capellae.

Si vero incautas animal penetraverit aures,

Proderit admixto pavidi fel muris aceto.

At si lympha nocens pervaserit, anseris aptus

Immittetur adeps, caeparum non sine suco:

Qui gravis est oculis, sensum tamen auribus auget.

Vis et Phoebigenae [28] divinam discere curam,

Si qua vel annosis confecta doloribus auris,

Allia tum septem numero, septemque lupinos

Cretaceam dabis in testam: tum Delphica frondis

Addatur, mixto totum fervescat aceto,

Doctus eris tepidos illinc immittere rores.

XII. Contre les maux d’oreilles.

Pour apaiser ces douleurs cruelles qui affectent l’organe si sensible de l’ouïe, il est bon d’épancher dans l’oreille soit du suc que distille un rameau de frêne exposé a l’action du feu, soit de l’urine d’une jeune fille encore vierge, soit enfin du suc de la feuille du peuplier blanc. Le vinaigre mordant mêlé avec de la chélidoine et du nitre n’est pas moins salutaire. Le jus de la menthe sauvage passe aussi pour un bon spécifique. L’huile imprégnée de violette est un calmant qu’il ne faut pas oublier. Si vous pouvez vous procurer de ces vers rouges qu’on trouve sur les vieux arbres, broyez-en quelques-uns dans de l’huile tiède; puis, introduisez-les dans l’oreille malade. -— Le sens de l’ouïe devient quelquefois dur et obtus. Pour remédier à cette surdité, que le temps ne fait qu’accroître, on peut employer des vers de terre cuits dans la graisse de l’oie au chant rauque. Le fiel de bœuf, mêlé avec de l’urine de chèvre, est un remède, dit-on, non moins salutaire. — Un animal s’est-il furtivement glissé dans l’oreille, le fiel du rat peureux, mêlé avec du vinaigre, dissipera la douleur. S’y est-il introduit un liquide nuisible, on se trouvera bien d’enduire le conduit auditif de graisse d’oie, mêlée au suc d’oignon car ce bulbe, si nuisible à la vue, donne à l’ouïe plus de finesse. — L’art divin d’Esculape enseigne encore un remède fort efficace contre les douleurs chroniques de l’oreille. Prenez sept gousses d’ail et autant de lupins, que vous mettrez dans un vase de terre cuite avec des feuilles de laurier; puis, faites bouillir le tout dans du vinaigre, et versez dans l’oreille quelques gouttes de cette décoction.

XIII. Oculorum dolori mitigando.

Summa boni est alacres homini contingere visus,

Quos quasi custodes defensoresque pericli

Prospiciens summa natura locavit in arce:

Sic tamen ut nullos paterentur desuper ictus,

Atque supercilio pavidi tegerentur opaco.

Sed dolor immeritum lumen [29] si forte lacessit,

Lana madens oleo noctu connectitur apte,

Viventisve nepae [30] lumen gestatur amicum.

Ex folio caulis cineres, confractaque thura

Et laticem Bacchi foetae cum lacte capellae

Desuper induces, atque una nocte probabis.

Hyblaei mellis sucus cum felle caprino

Subveniunt oculis dira caligine pressis.

Vettonicae mansus siccabit lumina succus.

Si tenebras oculis obducit pigra senectus,

Expressae marathro guttae cum melle liquenti

Detergere malum poterunt, vel vulturis atri

Fella, chelidonio fuerint queis gramine mixta,

Haec etiam annosis poterunt succurrere morbis.

Fel quoque de gallo mollitum simplice lympha

Exacuet puros, dempta caligine, visus:

Sive columbarum fimus admiscetur aceto,

Seu fel perdicis parili cum pondere mellis.

Vina chelidoniae simili ratione jugantur

Efficiuntque suo praeclaros unguine visus,

Aspera quin etiam mulcent et rupta reducunt.

Si genus est morbi, miserum quod lumen adurit,

Hic calor infuso mitescit lacte canino.

Anguibus ereptos adipes aerugine misce,

Hi poterunt ruptas oculorum jungere partes.

Si vero horrendum ducent glaucomata plumbum,

Spiritus alterius prodest, qui grana cumini [31]

Pallentis mandens visus exalat in ipsos.

Si tumor insolitus typho se tollat inani,

Turgentes oculos vili circumline coeno.

XIII. Contre les maux d’yeux.

Le don le plus précieux que la nature puisse faire à l’homme est une bonne vue. Les yeux ont été placés, comme sentinelles du corps, dans un lieu éminent, pour voir de haut et au loin, à l’ abri de toute surprise, sous la sauvegarde d’un épais sourcil. Si cependant cet organe sacré vient à recevoir quelque atteinte, appliquez-y pendant la nuit un flocon de laine imbibé d’huile, ou les yeux arrachés à une écrevisse vivante. Vous pouvez encore vous servir de cendre de feuilles de chou et d’encens broyé dans du vin et du lait d’une chèvre qui vient de mettre bas. Le miel d’Hybla, mêlé avec du fiel de chèvre, dissipe les tristes ténèbres des yeux. La bétoine mâchée donne un suc qui en sèche les humeurs. L’obscurcissement causé par le grand âge cède à des fomentations faites avec du suc de fenouil mêlé de miel pur, ou avec du fiel de vautour noir, dans lequel on a broyé de la graine de chélidoine. Ce remède sera aussi efficace dans les affections chroniques des yeux. Le fiel de coq délayé dans de l’eau pure a de même la vertu de donner à la vue plus de puissance après l’avoir débarrassée des brouillards. On peut encore employer un mélange de fiente de la colombe et de vinaigre, ou le fiel de la perdrix combiné avec une égale dose de miel. Le vin imprégné de suc de chélidoine, et employé en fomentation, n’est pas moins efficace; il calme même les douleurs et cicatrise les plaies de cet organe. — Le lait de chienne, injecté dans les yeux affectés d’inflammation, calme la cuisson causée par la chaleur qui les brûle. La graisse de serpent mêlée avec de la rouille de cuivre a la vertu de cicatriser les blessures de l’œil. Si l’organe de la vue est atteint de cette maladie où l’humeur cristalline de l’œil devient livide et plombée, rien n’est plus efficace que l’haleine d’une personne qui a mâché de cette plante qui rend pâle et qu’on nomme cumin. S’il s’agit de remédier à quelque tumeur, un peu de vile boue appliquée sur l’œil malade la fera disparaître.

XIV. Dentium vitio et oris foetori medendo.

Haud facile est acrem dentis tolerare dolorem,

Quo magis est aequum medicam pernoscere curam.

Cum Baccho violas incoxeris, ore teneto.

Mansus item prodest sucis oleaster acerbis:

Hinc oscedo fugit, linguae quoque vulnera cedunt.

Cum vino piper et nitro tepidum inde dolenti.

Saepe chelidoniae suco vel lacte capellae

Sanescunt dentes, aut tauri felle juvantur.

Aut acidi latices clauso volvuntur in ore.

Manditur apta rubus gingivis et bona labris.

Lentiscus myrtusque emendant oris odorem.

Quod vero assumpsit nomen de dente fricando,

Cervino ex cornu cinis est, aut ungula porcae

Torrida, vel cinis ex ovis, sed non sine vino,

Muricis aut tosti, vel bulbi extincta favilla.

Ambitiosa putas, sunt ista salubria cunctis. [32]

Exesos autem dentes si forte quereris,

Ure fimum muris, patulis et hiatibus adde;

Vel cinerem dentis cervini extinguere aceto

Convenit atque cavis immittere partibus apte.

Prodest et pulvis lumbrici corpore tosto.

Ora ambusta cibo sanabis lacte canino.

Saepe etiam gelida gingivas collue lympha,

Dentibus ut firmum possis servare vigorem.

Si vero infandum proserpit ad intima vulnus,

Permisceto salem parili cum pondere turis:

Hinc tractato locum, miram experiere medelam.

Aut tu sume pilam, quae caudis haeret ovinis,

Haec siccata dabit molles et fracta farinas;

Hujus et attractu tetrum mulcebitur ulcus.

XIV. Contre les affections des dents et la mauvaise haleine.

Il y a peu de maux plus insupportables que le mal de dents, et, s’il est un remède intéressant à connaître, c’est celui qui peut y mettre un terme. Gargarisez-vous donc avec une décoction de violettes dans le vin. Le suc acerbe de l’olivier sauvage est aussi un bon remède: il arrête les bâillements et cicatrise les plaies de la langue. On peut encore mettre sur la partie douloureuse du vin assaisonné de nitre et de poivre à la saveur brûlante. Le suc de chélidoine, le lait de chèvre, le fiel de taureau, sont également d’excellents spécifiques contre les maux de dents, aussi bien que les gargarismes de vinaigre. La ronce mâchée est bonne pour les gencives et pour les lèvres. Le lentisque et le myrte purifient l’haleine. La poudre connue sons le nom de poudre dentifrice, et ainsi appelée parce qu’elle sert à frotter les dents, se fait avec de la cendre de come de cerf, ou des pieds de truie brûlés, ou de la cendre de coquilles d’œufs délayée dans un peu de vin. On la fait encore avec du murex calciné ou de l’oignon brûlé. On croit qu’on ne peut se guérir qu’à prix d’argent; mais les remèdes les plus simples, comme ceux que j’indique, sont en même temps les plus efficaces contre toutes sortes d’affections. — Si l’on vent arrêter la carie, il faut introduire dans le creux de la dent gâtée de la cendre de fiente de rat. On peut se servir encore de la cendre de dent de cerf refroidie dans du vinaigre, ou de la poudre qui résulte de la combustion des vers de terre. Le lait de chienne a in vertu de cicatriser les brûlures de la bouche causées par des aliments trop chauds. — Ayez-soin de vous laver souvent les gencives avec de l’eau froide: c’est le moyen de conserver vos dents en bon état. — Si la dent est atteinte jusque dans sa racine, traitez la partie malade avec du sel mêlé à une égale quantité d’encens, et vous éprouverez à l’instant un soulagement merveilleux. Prenez encore un de ces globules fangeux qui se forment à la queue des brebis; desséchée et réduite en poudre, cette matière apaisera, par son contact, l’inflammation de la plaie.

XV. Uvae faucibus collo et collo medendis.

Aegrescunt tenerae fauces, cum frigoris atri

Vis subiit, vel cum ventis agitabilis aer

Vertitur, atque ipsas flatus gravis inficit auras,

Vel rabidus clamor facto cum forte sonore

Plenum radit iter; sic est Hortensius [33] olim

Absumptus: causis etenim confectus agendis

Obticuit, cum vox domino vivente periret

Et nondum exstincti moreretur lingua diserti.

Ergo autem studio quaeres inhibere dolorem.

Simplicibus lymphis confunditur aerium mel, [34]

Additur excussus nivea similagine furfur,

Decocta haec clauso simul exercentur in ore.

Praeterea fauces extrinsecus unguere prodest

Ursino et tauri sevo, cerisque liquatis,

Omnia quae geminis aequabis lancibus ante.

Disce etiam miram ex vili medicamine curam.

Attiaco melli jungas agreste papaver,

Decoctumque simul mandes, mansumque vorabis.

Crinitae porri radices quinque coquantur,

Hinc aqua non fervens volvatur fauce sonora,

Nec tamen in stomachum descendat gutta patentem.

Si vero afflictam languor dejecerit uvam,

Tunc horas aliquot pronus recubare memento:

Aut illam pulvis tosti relevabit anethi,

Aut cinis ex cochlea, vel torrida brassica flammis.

Verum angina mixtum sale poscit acetum,

Quod refert clauso versatum agitare palato.

XV. Contre les affections de la luette, du gosier et du cou.

Les parois délicates du gosier peuvent être altérées, ou par le froid, ou par le grand vent, ou par quelque vapeur pestilentielle. La voix peut aussi, par des efforts immodérés, occasionner des lésions dans la partie si délicate du larynx. C’est ce qui est arrivé à Hortensius: à force de plaider, il fut réduit au silence; sa voix s’éteignit, et l’orateur mourut avant l’homme. Vous qui cherchez, qui demandez un remède, apprenez ce que l’art enseigne en pareil cas. Faites bouillir un peu de miel ce présent de l’air, et de son de froment; puis gargarisez-vous avec cette décoction. En outre, oignez-vous extérieurement le gosier avec de la graisse d’ours et de taureau et de la cire liquéfiée, le tout mêlé ensemble à doses égales. Voici encore un remède fort simple, mais d’une merveilleuse efficacité. Faites bouillir du miel de l’Attique avec des pavots sauvages; puis, avalez cette mixtion après l’avoir bien mâchée. Faites cuire encore cinq racines chevelues de poireau, et gargarisez-vous avec de l’eau attiédie dans laquelle aura bouilli le poireau, en prenant garde toutefois d’en laisser pénétrer la moindre goutte dans l’estomac. — Si vous voulez remédier à la chute de la luette, tenez-vous couché sur le ventre pendant quelques heures. La cendre d’aneth, ou de coquilles de limaçon, ou de chou, sera un remède non moins efficace. L’inflammation du gosier, qu’on appelle angine, cède à un gargarisme de vinaigre dans lequel on a fait dissoudre du sel.

XVI. De rigore cervicis.

At si cervices, durataque colla rigebunt

(Mira loquar), geminus mulcebitur unguine poples,

Hinc longum per iter nervos medicina sequetur [35].

Anseris aut pingui torpentia colla fovebis.

Illinitur valido multum lens cocta in aceto,

Aut caprae fimus et bulbi, aut cervina medulla

Hoc etiam immotos flectes medicamine hervos.

Quos autem vocitant tolles [36], attingere dextra

Debebis, qua grillus erit pressante peremptus [37]

XVI. Contre le torticolis.

Pour remédier au torticolis, il faut (le remède paraîtra étrange) se frotter les jarrets avec de la graisse. L’effet salutaire de cette friction remontera jusqu’au siège du mal. On peut aussi se frotter la partie malade avec de la graisse d’oie. La raideur du cou cède également à une fomentation faite avec des lentilles bien cuites dans du fort vinaigre, ou avec du fumier de chèvre et des oignons, ou encore avec de la mode de cerf. Ce dernier remède sera également bon pour rendre aux muscles paralysés leur ancienne souplesse. Il sera bon enfin de toucher les amygdales avec les doigts mêmes dont on vient d’écraser un grillon.

XVII. Tussi et choleribus medendis.

Noxia si cholerum penitus saevire venena

Perspicies, cocta lactucae fronde levabis,

Proderit et caules assumere saepe madentes.

Interdum fauces tussi quatiuntur atroci,

Allia tum sumes decocta, et melle peruncta,

Semina vel raphani permixto dulcia mella.

Aut si fraxinea semen de fronde revellis,

Interiora vora vetitus contingere dente. [38]

Ovum melle teres domitum ferventibus undis

Marrubiumve potens, haec faucibus optima sumes,

Frenabisque gravem facili medicamine tussim.

XVII. Contre les glaires et la toux.

La feuille de laitue cuite a une vertu purgative à laquelle doivent recourir les personnes qui sont tourmentées par les glaires. Elles se trouveront bien aussi de manger souvent du chou bouilli. — Si vous êtes atteint d’une toux violente, prenez une décoction d’ail et de miel. Tâchez encore de vous procurer des baies de frêne, que vous avalerez sans les mâcher. Pétrissez un œuf dur, ou du marrube, que ses propriétés médicales ont rendu célèbre, avec du miel, et vous obtiendrez un médicament très bon pour le gosier, et la toux la plus grave cédera a ce remède facile.

XVIII. Digestioni et stomacho medendo.

Qui stomachum regem totius corporis esse

Contendunt, vera niti ratione videntur.

Hujus enim validus firmat tenor omnia membra:

At contra ejusdem franguntur cuncta dolore.

Quin etiam (nisi cura juvat) vitiare cerebrum

Fertur, et integros illinc avertere sensus.

Lactucae semen nigrae quod lignea pila

Triverit, admixto jejunus sumito melle,

Sed cochlear trinum gustu tibi sufficit uno.

Aut tritum semen raphani mulsumque juvabit;

Sive duae partes absinthi, et tertia rutae

Decoctis potantur aquis, siliquaeque madentes, [39]

Semina vel marathri foetae cum lacte capellae;

Pulegium quoque decoctum curabit amice.

Et potu et fotu stomacho conducit acetum.

Seu cochleas undis calefactas ac prope victas

Suppositis torre prunis, vinoque garoque

Perfusas cape; sed prodest magis esse marinas.

At male digestis si crapula saeviet escis,

Ex pipere, et calida florem de rore marino

Ebibe: seu salibus piper adde [40] et tenue cuminum, [41]

Quae coctis junges epulis et rapta vorabis. [42]

Aut cubitum pergens sucum cape tristis aceti.

Ventriculis mergi raptus sal tostus et ustus

Tosto pane super, piperis quoque pulvere multo

Miscetur, capies divinum munus in istis.

Proderit hoc stomacho, victas et concoquet escas,

Grana peregrini piperis [43] diffindito quinque,

Nicolao molli [44] quae mane inserta capesses.

XVIII. Contre les digestions difficiles, et autres affections de l’estomac.

C’est avec raison qu’on a dit que l’estomac est le roi de tout le corps. A son état de santé semble, en effet, se rattacher celui de tous les membres; s’il est malade, au contraire, tout languit avec lui. Sa défaillance, si l’on n’y remédie, se communique même au cerveau et aux facultés intellectuelles. Broyez dans un mortier de bois de la graine de laitue noire, mêlez-y du miel, et prenez cette mixtion à jeun, mais sans excéder trois cuillerées. La graine de raifort broyé dans du vin miellé est aussi un bon spécifique. Faites encore bouillir dans l’eau deux parties d’absinthe avec une de rue, et vous obtiendrez une décoction très salutaire. Le fenugrec on la graine de fenouil bouillie dans le lait d’une chèvre qui vient de mettre bas est également efficace. Une décoction de pouliot n’est pas moins bonne. Le vinaigre, soit en boisson, soit en fomentation, est favorable à l’estomac. Faites aussi bouillir dans l’eau, jusqu’à cuisson presque parfaite, des limaçons, que vous placerez ensuite sur des charbons ardents; puis avalez-en la cendre, imbibée de vin et de saumure de garus. Les limaçons de mer sont les plus efficaces. — Si l’estomac souffre d’une indigestion, il faut boire de l’écume de mer mêlée avec de l’eau chaude et du poivre. Vous pouvez encore combiner l’écume de mer avec du poivre et du cumin, puis avaler le tout, après l’avoir versé dans quelque aliment cuit. Il n’est pas inutile, non plus, avant de se mettre au lit, de boire un peu de fort vinaigre. Si vous pouvez vous procurer du sel que contient le ventre du plongeon, faites-le brûler sur du pain rôti, mêlez-y une forte quantité de poivre pulvérisé, et vous obtiendrez un remède d’une efficacité merveilleuse. Un autre moyen de faciliter la digestion, c’est de manger, le matin, une datte où l’on a introduit cinq grains de poivre fendus.

XIX. Felli et pthisi arcendis.

Lutea si crescunt, et cunctis noxia fella,

Allia parva novem, piperis tot permole grana,

Quae cyatho diluta gari mandesque bibesque:

Haec iterum septena capis, post denique quina.

Praeterea caules, frondet si parva sabucus [45]

Decoctos sale permisces, ac jungis olivo:

Tum capis, ac tali auxilio fella horrida purgas.

Prosunt et pelagi latices, quos pondere justo

Dulcibus associas lymphis, mellique liquenti.

Et niveus prodest ex ubere sucus asellae,

Si tepido vinum infundas, ac mella piperque.

At vomitum radix narcissi pota movebit. [46]

Si vero pthisis annoso sedet improba morbo,

Intritas vino cochleas hausisse juvabit.

Proderit et veteris sevi pila sumpta suilli,

Carne asinae sevoque caprae medicina salubris.

XIX. Contre la bile et la phtisie.

Pour chasser la bile noire, ce poison intérieur qui altère la santé chez tous les hommes, broyez neuf petites gousses d’ail et autant de grains de poivre, que vous délayerez ensuite dans une tasse de saumure de garus; puis avalez le tout, après l’avoir mâché. Prenez encore deux doses de ce médicament, en réduisant à sept, puis à cinq, le nombre des gousses d’ail et des grains de poivre. Une décoction de tiges d’hièble, d’huile et de sel, est encore un excellent spécifique contre la bile. Le miel délayé dans de l’eau de mer mêlée avec partie égale d’eau douce n’est pas moins efficace. Vous vous trouverez bien encore de l’emploi du lait de chèvre, mêlé, tiède encore, avec du vin, du miel et du poivre. La racine de narcisse provoque les vomissements. — Si l’on veut remédier à une phtisie invétérée, on fera bien de boire du vin où l’on aura broyé des limaçons, ou d’avaler une boule de vieille graisse de porc. La chair d’ânesse et la graisse des chèvres sont aussi très efficaces.

XX. Mammis sanandis, vel stringendis.

Ubera fecundo valde lactentia suco

Saepe sibi noxae nimium manando fuerunt:

Faece igitur valida duri reprimentur aceti.

Post partum tumidas injuste assurgere mammas

Interdum aspicies: harum mala commemoratur

Murinus fimus ex pluvio sedare liquore.

Sin autem clausas penitus dolor angit acerbus,

Lumbricis terrae turgentes unge corymbos.

Si castigatas studium est praestare mamillas,

Ex hedera sertis ambas redimire memento,

Protinus et raptas fumis mandare coronas: [47]

Anseris aut sevum pariter cum lacte tepenti

Aut ovum illinito, tulerit quod garrula perdix.

Praeterea pluvio decocta papavera rore

Haerescant, multis post dissolvenda diebus.

Vis et Phoebigenae caelestia sumere dona,

Ubera cum tetris laniata doloribus horrent?

Navis ramentum [48] et quae nomine prassion herba est

Et quae vulgari sermone insana vocatur,

Graecos hyoscyamon [49] propria scito dicere lingua

Nec non et calami radix, lapathique legumen

Mixta dabunt miras, experto crede, medelas.

XX. Contre les affections et l’affaissement des mamelles.

Souvent la surabondance du lait donne aux mamelles un développement pernicieux ; mais le sédiment du vinaigre a une force astringente qui réprime cette exubérance. Après l’accouchement, les mamelles se gonflent quelquefois d’une manière extraordinaire: l’eau de pluie où l’on a délayé de la fiente de rat, passe, en pareil cas, pour un bon spécifique. S’il s’agit de remédier à ces douleurs aiguës que cause intérieurement l’obstruction des mamelles, il faut frotter les mamelons avec des vers de terre. Les femmes qui tiennent à avoir le sein bien proportionné devront s’entourer les mamelles de guirlandes de lierre, qu’elles jetteront ensuite au feu sitôt qu’elles les auront retirées, ou se frotter soit avec de la graisse d’oie mêlée à du lait tiède, soit avec un œuf de perdrix, cet oiseau au bruyant caquetage. Elles peuvent s’appliquer sur le sein des pavots cuits dans de l’eau de pluie, qu’elles y laisseront pendant plusieurs jours, jusqu’à ce qu’ils soient en quelque sorte fondus. — Voulez-vous suivre les conseils divins du fils d’Apollon et employer les remèdes qu’il enseigne contre les douleurs aigues du sein? prenez de la raclure de navire, des feuilles de prasium, et de cette plante vulgairement connue sous le nom d’herbe folle, mais que les Grecs nomment hyoscyamon, de la racine de roseau, et de l’oseille mêlez le tout ensemble, et vous aurez un spécifique dont l’usage m’a prouvé l’efficacité.

XXI. Rejectioni cibi aut sanguinis restringendae.

Si stomachus nondum concoctas expuit escas

Et magis atque magis vitium removendo valescit,

Allia caedemus, tetrumque trahemus odorem.

Sin etiam rutilus fertur de pectore sanguis,

Sorbitio menthae, raphanus vel cocta juvabit.

Saepe lapis teritur (specularem nomine dicunt) [50]

Et mixtis hauritur aquis, sistitque cruorem.

Uritur interdum raptus de subere cortex,

Et cinis ex calido prodest epota Lyaeo,

Ovorum cinis, aut cochlearum, aut denique melis;

Aut mansus salicum fructus prodesse putatur,

Aut platani pilulas acri infundemus aceto:

Nullus erit sanguis, quem non cibus iste moretur.

XXI. Contre les vomissements où l’on rend, soit les aliments, soit le sang.

Si l’estomac ne peut supporter les aliments, et, qu’à force de vomir il devienne de plus en plus incapable de digérer, il faut couper une gousse d’ail et en aspirer l’odeur acre et pénétrante. Si c’est le sang qu’on vomit, on devra boire de la menthe ou manger du raifort cuit. On parvient encore à arrêter l’hémorragie en buvant de l’eau dans laquelle on a mis du talc préalablement broyé. L’expérience a découvert la même vertu dans la cendre d’écorce de chêne délayée dans du vin tiède, ainsi que dans les œufs, les limaçons, ou enfin le blaireau brûlé. On prétend aussi qu’il est bon de manger des baies de saule, ou de boire du vinaigre où l’on a infusé des baies de platane; il n’est pas d’hémorragie qui ne cède à la vertu de ces remèdes.

XXII. Jecoris et lateris vitiis medendis.

Si mollis jecoris fibras dolor hauriet acer,

Protinus ex mulsa potanda elelisphagus herba est:

Sumitur aut semen, quod fraxinus alta profudit,

Vulturiive jecur, vel jus perdicis apricae. [51]

Praeterea simili drachma pix dura, piperque

Franguntur; sic in mollito pulvere juncta

Egelidis miscentur aquis, recreantque bibentem.

Absinthi quoque decocti potabitur humor.

Si latus immeritum morbo temptatur acuto,

Accensum tinges lapidem stridentibus undis,

Hinc bibis: aut aceris radicem tundis, et una

Cum vino capis: hoc praesens medicamen habetur.

Quid referam multis composta Philonia rebus? [52]

Quid loquar antidotus variis? quis ista requirat?

At nos pauperibus praecepta feramus amica.

Nec non et jecoris quaeretur fibra lupini

Jungenturque simul costum, foliumque piperque, [53]

Quae Diluta mero dantur potanda Lyaeo.

Est et vis morbi, quod telum commemoratur, [54]

Cum subito dolor insanus furit incitus ictu:

Persicon huic potum e nuce traditur interiore;

Quae mihi cura satis casu monstrante probata est.

XXII. Contre les affections du foie et du côté.

Pour remédier aux douleurs de foie, douleurs d’autant plus aiguës qu’elles ont pour siège une partie du corps tendre et délicate, il faut boire du vin miellé où l’on a infusé de la sauge. On peut aussi faire usage des baies de frêne, de foie de vautour, et du jus de la perdrix, amie du soleil. En broyant une drachme de poix dure avec égale quantité de poivre, dont vous délayerez ensuite la poudre dans de l’eau froide, vous obtiendrez encore une boisson très efficace. Une décoction d’absinthe n’est pas moins salutaire. — Si le côté est le siège d’une douleur que rien ne semble avoir provoquée, l’expérience conseille de boire de l’eau où l’on a plongé et fait refroidir une pierre rougie au feu, ou du vin dans lequel on a broyé de la racine d’érable. Je ne parlerai pas de ces médicaments recherchés, et qui se composent d’une infinité d’ingrédients, comme celui qu’on appelle philonia: qui pourrait y recourir ? mes conseils s’adressent aux pauvres dont j’ambitionne l’amitié. Je conseillerai donc simplement de faire cuire du foie de loup avec du costus, du folium et du poivre, et de boire ensuite ce mélange délayé dans du vin pur. — Le côté est aussi sujet à une affection soudaine et très violente qu’on appelle trait: l’amande du noyau de pêche donne une boisson qui est très bonne contre cette maladie, comme l’expérience me l’a démontré.

XXIII. Spleni curando.

Quando lien tumido circumligat ilia vinclo,

Et plena splenis demonstrant membra rigore,

Mollibus ex hederae tornantur pocula lignis, [55]

Hinc trahet assuetos aeger quoscumque liquores:

Aut viridis coctorum holerum potabitur unda.

Proderit exsucto fluvialis hirudo cruore,

Sive myrica potens, seu ros cum pane marinus;

Aut hederae sucus potu apposituque juvabit.

Nec non intactam ferro quam videris alnum,

Huic liber eripitur ferro sine, decoquiturque,

Donec victarum pars tertia subsit aquarum.

Hinc medico potu pulsus dolor omnis abibit.

Nonnulli memorant consumi posse lienem,

Ervum si semper jejuno sumpseris ore.

Arida ficus item fervente domatur aceto

Et trita inlinitur, vel splen apponitur haedi.

Marrubium in vino potum prodesse loquuntur,

Praeterea piper, ac nepetae cum flore et anethum

Capparis atque apium buglossaque jungitur una:

Horum decoctos latices potare salubre est.

Pulegium, abrotonum nitida cum mastiche coctum

Ac thymbrae speciem, quam commemorant cephaloten,

Praedixit spleni Deus Idae [56] posse mederi.

Dulcia Plautus ait, [57] grandi minus apta lieni.

Splen tumidus nocet, et risum tamen addit ineptum,

Ut mihi Sardois videatur proximus herbis, [58]

Irrita quae miseris permiscent gaudia fatis.

Dicitur exsectus faciles auferre cachinnos,

Perpetuoque aevo frontem praestare severam.

XIII. Contre les affections de la rate.

Quelquefois la rate se gonfle, et cette enflure se manifeste par la tension des parties voisines. Il faut alors se servir, à table, d’une coupe faite avec de bois de lierre, ou boire l’eau verdâtre d’une décoction de légumes. On peut encore s’appliquer sur le côté ou une sangsue, pour débarrasser la rate du sang qui l’engorge, ou du tamarin à la sève puissante, ou du pain imbibé d’eau de mer. Le jus de lierre, soit en boisson, soit en fomentation, est salutaire. Le liber, arraché, sans le secours du fer, à un aune que la cognée du bûcheron n’a jamais touché, donne une boisson singulièrement efficace; mais il faut avoir soin de la faire bouillir jusqu’à ce que l’eau soit réduite au tiers. On prétend que l’ers mange à jeun est également propre à dissiper le gonflement de la rate. On fera bien aussi de se fomenter avec une figue sèche qu’on a fait bouillir dans du vinaigre, ou avec de la rate de chevreau. Le vin imprégné de marrube est une boisson qui passe pour avoir quelque efficacité. On conseille aussi comme une boisson salutaire une décoction de poivre, de fleur de pouliot sauvage, d’aneth, de câpres, d’ache et de buglose. Suivant l’oracle du dieu de l’Ida, le pouliot, l’aurone, le sac luisant du lentisque, et cette espèce de thym qu’on appelle céphalote, donnent une décoction qui remédie particulièrement aux affections de la rate. Plaute prétend que les substances douces ont peu d’efficacité contre les affections de cette partie du corps. Le gonflement de la rate, malgré la douleur qu’il cause, provoque un rire stupide, semblable à celui auquel s’abandonnent, lorsqu’ils auraient plutôt sujet de pleurer, ceux qui ont goûté du persil sauvage. On dit que les personnes à qui on a enlevé la rate perdent la faculté de rire et contractent un air sérieux pour tout le reste de leur vie.

XXIV. Praecordiis sanandis.

Languida si duro turgent praecordia morbo,

Miscetur mulsae farris sextarius unus,

Nec non et lini tunsum siliquaeque legumen. [59]

Haec decocta simul nondumque tepentia nectes.

Aut quae poma Cydon Creteis misit ab oris [60]

Cocta lines, durum ut possis mollire tumorem.

Ocima praeterea bulbive linuntur amari.

Proderit et lymphis corpus mersare marinis.

Quin etiam catulum lactantem apponere membris

Convenit: omne malum transcurrere fertur in illum:

Cui tamen extincto munus debetur humandi. [61]

Humanos quoque contactus mala tanta sequuntur

Et junctus vitium ducit de conjuge conjux.

Quod superest thridaci  [62] junges ramenta carinae

Quodque decem ex rebus confit simul atque vocatur,

Mastichis addentur fractae jam mollia farra.

Talibus auxiliis praecordia tuta resident.

XXIV. Contre les affections du diaphragme.

Le diaphragme est, comme la rate, sujet à se gonfler. Pour remédier à cette enflure, délayez dans du vin miellé un setier de farine, joignez-y du chaume de chanvre et du fenugrec, faites bouillir le tout, et appliquez cette mixtion encore chaude sur la partie malade. Le fruit originaire de Cydon, et qui doit son nom a cette ville de Crète, devient, quand il est cuit, un émollient très efficace. On a reconnu la même vertu dans le basilic et dans le suc piquant de l’oignon. Un bain d’eau de mer produit aussi de bons effets. On dit que si l’on applique sur le ventre du malade un petit chien qui tette encore, le mal passe du corps de l’homme dans celui de l’animal. Il faut toutefois tuer ensuite le chien et l’enterrer. Cette transmission de maladies a lieu aussi entre les hommes; et l’on voit souvent un des époux communiquer à l’autre le mal dont il est atteint. Enfin, vous pouvez encore vous servir de raclure de navire mêlée avec de la mandragore, ou de ce médicament qui doit son nom aux dix ingrédients dont il est composé, en y joignant du suc de lentisque broyé. Grace à ces remèdes, l’enflure du diaphragme disparaîtra.

XXV. Lumbis et renibus sanandis.

Quum saevit penitus haerens injuria lumbis,

Igne lapis candens datur exultantibus undis,

Hoc poteris potu tristem superare dolorem:

Aut cum melle picem, nitrum sulphurque et acetum

Sucida lana rapit contacta calentibus iisdem,

Proderit hanc aegris crebro perducere membris.

Aut caput asparagi cum vino sume vetusto,

Seu mavis appone: modus conducit uterque.

Aut adipi mixtum lumbis inductio sulphur.

Saepe chelidoniam cum suco Palladis [63] addes,

Farraque quae tremulis prosunt sudantia flammis. [64]

Fertur amygdalinae succus nucis esse bibendus:

Pinsitur, ac tepidis sorbebitur addita lymphis.

Aut tres ex vino cochleas fervescere coges,

Cumque suis domibus franges, piperis quoque grana

Ter quinque adjicies, potuque juvaberis illo.

Furfur item parca fuerit quum fervidus unda,

Post oleo madidus saccis immittitur aptis,

Quos vix passuris urentes addito membris.

Prodest cervinae violens natura medullae.

Nec nocuit ciceris cocti potasse liquorem;

Aut mixtam teneris madlvam contundito porris,

Contritumque simul cum mastiche confer anethum,

Quodque decem rebus componi ex nomine clarum est: [65]

His continge locum: Deus haec mihi certa probavit.

XXV. Contre les affections des lombes et des reins.

Entre autres remèdes propres a calmer les douleurs profondes et tenaces des lombes, les médecins conseillent de faire boire au malade de l’eau où l’on a plongé et fait refroidir une pierre rougie au feu, ou de lui frictionner souvent le dos avec un flocon de laine grasse trempé dans une décoction brûlante de poix, de miel, de nitre, de soufre et d’aneth. Broyez encore une tête d’asperge dans du vin vieux; et, soit en boisson, soit en fomentation, ce vin ainsi préparé devient un bon spécifique. Des frictions faites avec de la graisse mêlée de soufre ne sont pas moins efficaces. J’en dirai autant du suc de l’arbre consacré à Pallas, mêlé avec de la chélidoine et du blé qu’on a fait cuire sur un feu ardent. On prétend que l’amande broyée dans de l’eau tiède donne une boisson fort salutaire. Faites bouillir dans du vin trois limaçons broyés avec leurs coquilles, mêlez-y quinze grains de poivre, et vous aurez un breuvage d’une grande vertu contre les affections des reins. Faites bouillir aussi du son dans un peu d’eau; puis, après l’avoir imbibé d’huile, mettez-le dans un petit sac que vous appliquerez ensuite sur les reins du malade, aussi chaud qu’il le pourra supporter. La moelle de cerf est très adoucissante, et l’eau où l’on a fait cuire des pois chiches devient un breuvage qui n’est pas sans efficacité. Ou bien encore, broyez ensemble de la mauve avec des poireaux; mêlez-y du suc de lentisque, de l’aneth, et de ce médicament qui doit son nom aux dix ingrédients dont il est composé; puis, fomentez avec cette mixtion la partie douloureuse : Esculape m’est garant de la bonté de ce remède.

XXVI. Ventris dolori mitigando.

Si dolor insanus tota desaevit in alvo,

Heminis tribus in lymphae tu decoque tritum

In vino prius hyssopum, validam quoque rutam,

Atque apium, donec pars duplex desit aquarum.

Potus erit medicus non detrectante palato.

Praeterea nivei sterilis testa uritur ovi,

Quae postquam in tenuem fuerit conversa farinam,

Ex calidis potatur aquis, et pota medetur.

Nec non jungenda est utero nova virga myricae:

Illaesa haec ferro, terraque intacta, feratur.

Aut medio ventris prodest aspergere terram,

Quam signaverunt vestigia pressa rotarum.

Proderit et pulvis facili sub cardine raptus.

Quin etiam ex lymphis tritum potare cuminum

Conveniet, quod jam nobis documenta probarunt.

Mentha quoque hoc pacto medicos dabit hausta sapores.

Coeliacos autem recreabis pane salubri,

Quem madido farre efficies, ac mollibus ovis,

Quorum testa fero prius evanescat aceto.

Refert et teretes bulbos mollire terendo,

Cumque his Lenaei durum potare fluentum.

XXVI. Pour calmer les douleurs de ventre.

Si vous êtes en proie à de violentes douleurs d’entrailles, broyez de l’hysope, de la rue et de l’ache dans du vin; puis, faites cuire le tout dans trois hémines d’eau, jusqu’à ce que celle-ci soit réduite de moitié vous obtiendrez un breuvage efficace et agréable. La blanche coquille d’un œuf sans germe, réduite en poudre et délayée dans de l’eau chaude, n’est pas moins sanitaire. On peut aussi s’appliquer sur le ventre une branche fraîche de tamarin, arrachée sans le secours du fer et qui n’ait point touché la terre ou bien encore faire usage de la terre fangeuse des ornières, ou de la poussière recueillie sur les gonds d’une porte mobile. Le cumin broyé dans l’eau donne un breuvage dont l’expérience m’a démontré l’efficacité. Une semblable infusion de menthe a la même vertu. Le pain fait avec de la farine et des œufs dont on a d’abord fait dissoudre la coquille dans du vinaigre, est aussi un aliment très bon contre les douleurs d’entrailles. Enfin, on peut boire avec confiance du vinaigre où l’on aura broyé des oignons au bulbe arrondi.

XXVII. Hydropisi depellendae.

Corrupti jecoris vitio, vel splenis acervo

Crescit hydrops aut quum siccatae febre medullae

Atque avidae fauces gelidum traxere liquorem,

Tum lympha interius, vitio gliscente, tumescit,

Secernens miseram proprio de viscere pellem.

Conveniet tenerae radix decocta sabuci

In geminis calidi cyathis potanda Lyaei.

Nec non et tepidis convolves corpus arenis.

Apposituque leves nepetae gustuque juvabunt.

Helleboro quoque purgatur lymphaticus humor.

Aut hujus vice quod fert semen lenta genista

Miscetur mulsis, ac haustis ducitur undis.

Saepe et scillitico [66] pelluntur noxia Baccho.

Est qui praevalidum frixo sale miscet acetum,

Atque olei suco refricat turgentia membra

Fraxineum semen cum Bacchi rore bibendum est.

Nec non apposito curantur dropace [67] membra,

Aut calido filicis radicem mollit Iaccho,

Qui subito raptos ventos succosque revellit

Unguine, quo frangit vires languoris aquosi.

XXVII Contre l’hydropisie.

L’hydropisie peut provenir ou de l’altération du foie, ou du gonflement de la rate, ou des ravages d’une fièvre ardente qui a desséché la moelle des os, ou enfin de ce que, pour étancher une soif brûlante, on a eu l’imprudence de boire un breuvage glacé. Alors tout se change en eau intérieurement, et la peau boursouflée se détache de la chair et des muscles. Il est bon, entre autres remèdes, de boire deux tasses de vin chaud où l’on aura fait bouillir la racine de la tendre hièble. On fera bien encore de se rouler dans le sable chaud. La feuille légère de pouliot sauvage, soit en fomentation, soit en boisson, n’est pas sans efficacité. L’ellébore aussi a la vertu de dissiper l’hydropisie. On pourra, au lieu d’ellébore, se servir de la graine du flexible genêt, qu’on mettra dans du vin miellé, et qu’on avalera avec de l’eau. L’oignon marin communique au vin une vertu également salutaire. Il y en a qui se servent de fort vinaigre mêlé avec du sel frit, ou qui frictionnent les membres gonflés du malade avec de l’huile. On peut boire aussi du vin où l’on a broyé des baies de frêne, on se frotter le corps avec du dropax. Des fomentations faites avec de la racine de bruyère détrempée dans du vin chaud, sont également bonnes contre l’hydropisie: elles dissipent incontinent la boursouflure et les sérosités du corps.

XXVIII. Ventri molliendo.

Saepe cibi specie, vitio vel corporis ipso,

Potibus aut duris quum adstricta morabitur alvus,

Vincetur talis mora gramine mercurialis,

Cujus aquam cocti minimo cum melle bibemus.

Prunaque conveniunt, quae mittit clara Damascus. [68]

Multos praeterea medici componere succos

Assuerunt: pretiosa tamen quum veneris emptum,

Falleris, frustraque immensa numismata fundes.

Quin age, et in tenui certam cognosce salutem.

Aut igitur tectum lana supponis alumen

Aut edis in patinis tenerae decocta sabuci

Vel salsum mulsum caprae cum lacte capessis.

Crede tamen potum meliorem lactis equini:

Dicitur hic validos asinae pervincere succos.

Silvestris fici lacrymam [69] prodesse loquuntur.

Quodque satis melius verbis dicemus Horati, [70]

Mugilis et viles pellent obstantia conchae.

Sed cochleas prius est urtica aut furfure pasci;

Purior hinc gustus noxa sine moverit alvum.

Saepe thalassomeli [71] adjecto cumulavimus imbri:

Haec purgant, parili fuerint si pondere mixta.

XXVIII. Contre la constipation.

La constipation a pour cause ou la qualité des aliments, on un vice naturel du corps, ou l’âpreté de quelque breuvage astringent. On peut y remédier avec de la mercuriale qu’on a fait bouillir dans l’eau avec un peu de miel. On se trouvera bien de manger des prunes qui nous viennent de la célèbre Damas. Les médecins conseillent une infinité de remèdes composés d’une multitude d’ingrédients; mais les médicaments recherchés ne sont pas toujours ceux qui sont les plus salutaires, et l’on peut se miner en remèdes sans recouvrer la santé. Sans chercher si loin la guérison, vous la trouverez dans cette triple prescription: prenez de l’alun que vous envelopperez dans un flocon de laine, et appliquez-vous ce spécifique sur le ventre, on contentez-vous de manger de l’hièble cuite; ou bien encore, buvez du lait de chèvre combiné avec du vin miellé et du sel. Cependant le lait de cavale est préférable; il passe même pour avoir plus de force que le lait d’ânesse. On attribue aussi une vertu particulière aux larmes qui découlent de la figue sauvage, et, pour me servir des expressions mêmes d’Horace, le muge et les coquillages communs délivrent le ventre de tout embarras. Toutefois, il faut avoir la précaution de nourrir les coquillages avec de l’ortie ou du son. Ils deviennent alors plus salutaires et provoquent sans danger l’évacuation du ventre. J’ai eu souvent occasion de reconnaître l’efficacité de l’eau de pluie et du thalassomel mélangés à doses égales.

XXIX. Solutioni ventris et dysenteriae compescendae.

Tam varii casus mortalia secla fatigant,

Ut sint diversis obnoxia corpora morbis.

Saepe etenim nimio cursu fluit impetus alvi:

Frenatur commixto quum fervet brassica vino:

Aut cerasi victum longo jam tempore pomum.

Succus aminaeae vitis [72] cum pane medetur:

Vel bene permixtum calida potatur acetum:

Vile quidem facili facto, tamen utile opinor.

Si lentent medica data purgatoria dextra,

Adjecto piperis medicatur pulvere calda.

Sin autem longo decurrent intima fluxu

Atque immane malum multo jam tempore gliscit,

Torridus ex vino cortex potabitur ovi.

Ramentum nivei credunt, prodesse elephantis.

Arbore Pyramea [73] cortex direpta coquetur

Axe sub aethero, sic nigro mixta Lyaeo

Immensum poterit potu retinere fluorem.

Numinis aut jussu cedrini mastiche misces

Mollitamque picem, et rasum de navibus unguen:

Languida quo fidens medicamine membra fovebis.

Proderit et pueris quos dentis origo fatigat,

Castaneas coxisse nuces et sorba vetusta,

Atque apium caulesque, rubus quos fundit acuta:

Potio quae fluidam quum sumpta morabitur alvum.

XXIX. Contre la diarrhée et la dysenterie.

L’humanité est sujette à tant d’accidents divers, qu’il ne faut pas s’étonner de rencontrer dans l’homme les maladies les plus opposées. Nous venons de parler de la constipation: cette maladie a son contraire, la diarrhée, qui est un flux de ventre très violent. On peut l’arrêter avec une décoction de chou dans du vin. Des cerises cuites et presque desséchées, du pain imbibé de vin aminéen, de l’eau chaude et du vinaigre mélangés, tout cela est bon contre la diarrhée. S’il y a lieu de hâter l’effet trop lent d’une médecine purgative, il faut boire de l’eau chaude oh l’on a broyé du poivre: remède bien simple, mais très efficace. Si la diarrhée est violente et invétérée, on y peut remédier en buvant du vin où l’on a délayé une coquille d’œuf brûlée. La raclure d’ivoire passe aussi pour un bon spécifique. L’écorce de l’arbre de Pyrame cuite en plein air et mêlée avec du vin noir donne un breuvage qui arrête les diarrhées les plus fortes. Esculape recommande comme une bonne fomentation une mixtion composée de cèdre, de suc de lentisque, de poix liquéfiée et de raclure de navire. Il est bon de faire boire aux enfants, à l’époque critique de la dentition, des décoctions de châtaignes, de vieilles cormes, d’ache et de choux de chardon. Il est rare que la diarrhée ne cède point à ce remède.

XXX. Lumbricis et taeniis aspurgandis.

Quid non adversum miseris mortalibus addit

Natura? interno cum viscere taenia serpens

Et lumbricus edax vivant inimica creanti:

Quod genus assiduo laniat praecordia morsu,

Saepe etiam scandens oppletis faucibus haeret

Obsessasque vias vitae concludit anhelae.

Ergo cinis cornu cervini proderit haustus,

Vel nepetae tritum ex vino vel lacte capellae:

Nec non et succus medici potatur aceti.

Prodest praeterea cum Baccho Persica frons, et

Democritus [74] memorat menthae conducere potum.

Sumitur abrotonum, nec non et vile melanthum.

Allia per sese sanant, aut vis coriandri.

Quin et marrubium decoctum haustumque juvabit.

Pulegiumve potens et agreste jugatur anethum:

Synthesis haec prodest unda mollita calenti.

XXX. Contre les ascarides lombricoïdes et les ténias.

En quoi la nature ne semble-t-elle pas conspirer contre les malheureux mortels ? Au sein des entrailles de l’homme, à lui-même funeste, il se forme de sa propre substance des vers rongeurs, tels que les ténias et les ascarides lombricoïdes, qui mordent, qui déchirent sans relâche les parois de l’estomac, qui montent quelquefois jusqu’au gosier, et obstruent les voies de la respiration. Pour les détruire, il faut boire de la cendre de come de cerf. Le pouliot sauvage, broyé dans du vin ou du lait de chèvre, donne aussi une boisson qui n’est pas moins bonne. Le vinaigre se recommande également par sa vertu anthelmintique. La feuille de pêcher communique au vin une vertu très efficace. Démocrite recommande particulièrement la menthe. L’aurone et la nielle parasite sont également salutaires. On peut encore se servir d’ail ou de jus de coriandre. Le marrube, le pouliot que ses propriétés médicales ont rendu célèbre, et l’aneth sauvage, bouillis dans l’eau, donnent une boisson dont on se trouvera bien.

XXXI. Colo sedando.

Quum colum, invisum morbi genus, intima carpit,

Mande galeritam volucrem quam nomine dicunt.

Aut pavidi leporis madefacta coagula pota.

Sive apio nepetas tereti cum mastiche junges,

Nec non et species ambas redolentis anethi,

Quarum decoctos patiens haurito liquores.

XXXI. Contre la colique.

Pour se délivrer des douleurs de la colique, une des maladies que nos yeux ne peuvent saisir, il est bon de manger du cochevis ou de boire sur la présure détrempée du lièvre peureux. Une décoction d’ache, de pouliot sauvage, de suc de lentisque, et des deux espèces de l’aneth odorant, est également très efficace contre ce mal.

XXXII. Vesicae et calculo purgando et urinae provocandae.

Si cui vesicae tardus cunctabitur humor,

Haec mora rumpetur vino pervicta vetusto.

Proderit ex parvis acinos potare sabucis

Aut hederae sucum, aut lacrymosi intrita sinapis.

Nec non resinas ex Oricia terebintho [75]

In speciem erviliae parvos glomerabis in orbos,

Quos ternos tepida mixtos hausisse medella est.

Quondam etiam nimio praeceps urina fluento

Inrigat exuvias obscenoque inficit imbri:

Tum leporis cerebrum ex vino potare juvabit.

Si dolor internam vesicae concoquit alvum,

Subveniet radix frondosae epota cupressi

Puleiumve potens domitum ferventibus undis.

Si vero in lapides densus convertitur humor,

Qui retinet cursus, gemitumque dolore frequentat,

Saxifragam seu fongitenam [76] succurrere credunt.

Praeterea semen myrti silvestris Iaccho

Atque oleo mixtum bibitur, nec desit acetum,

Vinaque sumantur fricto condita cumino:

Sive palumborum capitur fimus aeriorum

Dulcacidis sparsum sucis, trituque solutus:

Nec non obscenus caprae potabitur humor:

Obruet hic morbum, labefactaque saxa remittit.

XXXII. Contre les affections de la vessie; contre le calcul et la rétention d’urine.

Si la vessie est embarrassée, on peut remédier à cette obstruction en buvant du vin vieux. Le basilic sauvage mêlé avec de l’hièble, le suc de lierre, la moutarde piquante, la gomme de térébinthe, réduite en petites boules de la grosseur d’une cicérole, au nombre de trois, et détrempée dans de l’eau tiède, peuvent aussi, servir à composer des breuvages dont l’expérience a confirmé la vertu diurétique. — Pour remédier à la maladie opposée, c’est-à-dire à l’incontinence d’urine, on fera bien de boire de la cendre de corne de cerf. On peut, dans le même cas, faire usage du pouliot sauvage mêlé avec du vin ou du lait de chèvre, ou de la cervelle de lièvre délayée dans du vin. —- Si l’on ressent des douleurs dans l’intérieur de la vessie, il sera bon de boire me décoction faite avec la racine du cyprès touffu, ou du pouliot, cette herbe si efficace, qu’on aura laissée bouillir jusqu’à réduction en bouillie. — Si l’urine condensée se convertit en pierre, et obstrue les uretères, entre autres plantes propres à remédier à cette maladie cruelle, il y a la saxifrage et la scolopendre qui croît au bord des fontaines. Les baies de myrte sauvage mêlées avec du vin, de l’huile et du vinaigre, le cumin frit détrempé dans du vin, la fiente du raimer au vol élevé broyée et arrosée d’oxymel, sont autant de remèdes également regardés comme très salutaires. Enfin on attribue à l’urine de chèvre une vertu dissolvante qui liquéfie la pierre et dégage entièrement la vessie.

XXXIII. Conceptioni et partui.

Irrita conjugii sterilis si munera languent

Nec sobolis spes est multos jam vana per annos

Femineo fiat vitio res, necne, silebo:

Hoc poterit quartus magni monstrare Lucreti [77]

Sed natura tamen medicamine victa potenti

Saepe dedit foetus, studio curante, paratos.

Aut igitur leporis consumit femina vulvam,

Aut ovis in stabulis carptas quum ruminat herbas,

Pendentem spumam molli deducit ab ore

Atque illam meminit mixto potare Falerno.

Mercurialis item capitur communiter herba,

Si cubitum noctu conjunx festinat uterque.

Atque ubi jam certum spondet praegnatio foetum,

Ut facili vigeat servata puerpera partu,

Dictamnum bibitur, et cochleae manduntur edules.

Aut quum olim menses minus octo moratus in alvo, [78]

Erumpit thalamis et nexus solvit inertes,

Pulegii quoque purgari tunc convenit imber,

Cujus opem veram casus mihi saepe probarunt.

Quin etiam stercus supponunt vulturis atri,

Sentiat ut minime partus quam proximus urget.

Ova etiam rutae et fragili miscentur anetho,

Quae diluta simul vino, atque exhausta medentur.

XXXIII. De la conception et de l’enfantement.

Il n’est pas rare que plusieurs années s’écoulent sans que le vœu le plus cher des époux se réalise. Quelles sont les causes de la stérilité du manage? S quoi peut-on reconnaître si elle vient de la femme ou du mari ? Sur ce point, je renvoie le lecteur au quatrième livre du grand poète Lucrèce. J’indiquerai seulement les principaux remèdes qui peuvent triompher de la nature. La femme stérile peut espérer de devenir mère en mangeant une valve de hase de lièvre. La salive qui découle des lèvres de la brebis, pendant qu’elle rumine, peut aussi, mêlée avec du falerne, remédier à la stérilité; une décoction de mercuriale est encore au breuvage auquel on a communément recours; mais, après avoir usé de ces remèdes, les époux ne doivent pas laisser passer la nuit sans se livrer à de doux épanchements. Si la conception a lieu, la femme fera bien, pour se procurer un accouchement facile et sans suites fâcheuses, de boire une infusion de dictamne, et de manger des escargots. — Quand la femme est menacée d’un accouchement prématuré, et sent, avant le huitième mois, la matrice se relâcher sous le poids du fœtus, il convient de lui faire boire une décoction de pouliot soigneusement nettoyé. J’ai pu souvent me convaincre de l’efficacité de ce remède. — Au terme de sa grossesse, pour faciliter son accouchement, la femme devra se fomenter les parties sexuelles avec de la fiente de vautour noir, et boire du vin contenant un mélange d’œufs, de rue et d’aneth à la tige fragile.

XXXIV. Profluvio cujuscumque sanguinis et matrici subveniendae.

Si modicus pleno manat de corpore sanguis,

Subvenit; at nimius cum vita funditur ipsa.

Quapropter multo naris completa cruore

Quum fluit, attritus cimex conducit odore.

Lana oleo madefit, sed nondum lauta, rosato:

Haec datur in nares vel claudit densior aures.

Contritis prodest cochleis perducere frontem

Aut galli cerebro, vel sanguine tinge columbae.

Quod nisi supprimitur sanguis, potandus et ipse est.

Praeterea Phariis caput emetire papyris,

Detrahe quod superest, illo genitalia necte. [79]

Femineas illinc prodest vincire mamillas.

Menstruus inmenso si profluit impete sanguis,

Succida lana malos remoratur subdita cursus,

Mortua quin etiam producit corpora partu.

Sed quacumque fluit vis immoderata cruoris,

Subereus cortex calidis potatur in undis

Ante minutatim studio vincente terendus.

Pulegii calido purgatur femina potu;

Sed si forte cruor clausa cunctabitur alvo,

Aut molles nepetae, aut rutae quaecumque bibentur.

At si puniceos fundit vessica liquores,

Marrubium ex passo tritum perfunditur undis:

Hi poterunt haustus rutilum purgare liquorem.

Relliquias partus dictamni detrahit herba.

Quod si feminei properabit sanguinis imber,

Est qui frusta molae percussu decutit uno,

Quorum aliquod lanis tectum ad praecordia nectit,

Haec simul incantans, [80] sisti debere cruorem,

Ut lapis ille viae solitos jam destitit orbes.

XXXIV. Contre toute espèce de flux de sang et les diverses affections de la matrice.

La perte de sang, quand elle est faible, est souvent un soulagement pour le corps; mais si elle est excessive, elle peut occasionner la mort. Si donc le sang vient à couler du nez avec abondance on peut y remédier, soit en respirant l’odeur d’une punaise écrasée, soit en introduisant dans les narines on dans les oreilles un flocon de laine qui encore été lavée, imbibé d’huile rosat. On peut aussi se frotter le front avec des limaçons broyés, ou de la cervelle de coq, ou du sang de colombe. Si l’hémorragie ne s’arrête pas, il faut boire le sang même qu’on perd. Il sera bon encore de se couronner la tête de papyrus d’Egypte et d’employer l’excédant à se couvrir les parties sexuelles. — Appliqué sur les mamelles d’une femme dont les règles sont trop abondantes, cet arbrisseau aura la même efficacité. Un flocon de laine grasse, placé dans le vagin, suffit encore pour arrêter le sang, et même, si l’enfant meurt avant d’avoir vu le jour, pour le faire sortir de sein maternel. Mais, de quelque cause que provient la perte du sang, une décoction de liège préalablement coupé par petits morceaux pour le mieux détremper, est en pareil cas un des meilleurs spécifiques. Le pouliot donne une boisson qui, prise bien chaude, facilite l’écoulement des règles. Cependant, si le sang ne vient pas, il faut boire une infusion de molle cataire on de rue de l’une ou de l’autre espèce. — Si l’urine est rougeâtre, le moyen de la purifier est de boire du vin fait avec des raisins séchés au soleil dans lequel on a broyé du marrube: cette préparation doit être étendue d’une certaine quantité d’eau. Le dictamne accélère la sortie de l’arrière-faix. Quelques personnes, pour arrêter la ménorragie, enveloppent de laine un des fragments de meule de moulin qu’on a détachés en la frappant d’un seul coup, puis l’appliquent sur le ventre de la femme, en prononçant ces paroles magiques: Sang, arrête-toi, de même que cette pierre s’est arrêtée et a cessé de tourner.

XXXV. Internecandis quae oculos laedunt aut impediunt.

Mollis hirsutas horret lascivia saetas

Et gaudet rapto nudari flore pilorum.

Sed bona nonnumquam vellendi causa videtur,

Corpora quum relevat ratio manifesta salutis.

Namque oculos infesta pilorum tela lacessunt,

Quodque illis dederat vallum natura tuendis,

Inde inimica seges proprios desaevit in orbes.

Ergo locum crinis vulsi continge cruore

Quem dat avis tremulis simulat quae pellibus alas. [81]

Praeterea quascumque voles avertere saetas

Atque in perpetuum rediviva occludere tela,

Corporibus vulsis saniem perducito ranae,

Sed quae parva situ est, [82] et rauco garrula questu.

Nec non quae stagnis cessantibus haesit hirudo

Sumitur, et vivens Samia torretur in olla, [83]

Haec acidis unguit permixta liquoribus artus

Avulsamque vetat rursus percrescere silvam.

XXXV. Contre ce qui blesse ou embarrasse la vue.

Il y a des personnes dont la délicatesse efféminée a horreur de ce qui est velu, et qui prennent plaisir a s’épiler. Cette épilation pourtant est quelquefois utile, lorsqu’elle a manifestement pour effet de soulager le corps. En effet, il peut arriver que ces mêmes cils, destinés à protéger les yeux, les blessent de leurs traits aigus, et leur fassent éprouver une cuisson insupportable. Alors il est bon de les arracher, malis il faut avoir soin d’humecter la place qu’ils occupaient avec du sang de cet oiseau qui se sert en guise d’ailes de membranes, mobiles. Si l’on veut empêcher les cils ou tout autre poil de renaître, il faut frotter la partie épilée avec du sang de grenouille autant que possible, la grenouille doit être de petite taille et prise parmi celles qui coassent le plus. Une sangsue prise dans le limon d’un marais, et brûlée vive dans un vase de terre cuite, donne un résidu qui, mêlé avec du vinaigre, rapproche les chairs et empêche les poils de renaître.

XXXVI. Omnibus obscenis medendis.

Dicendum et quae sit membris medicina pudendis.

Languidus antiquo purgatur penis Iaccho

Ac super illinitur fecundae felle capellae.

Mane novo myrti frondes commandere prodest

Cui dolet, atque illas in vulnus despuere ipsum.

Faece etiam vini genitalia lauta levantur,

Et tumidos testes Nereia lympha [84] coercet,

Vel bulbi ex mulso, vel cera immixta cupresso;

Aut faba quum tepuit Bacchi decocta fluentis.

Ramicis immensum fertur cohibere tumorem

Far madidum lympha, et feralis fronde cupressi,

Unde etiam ex fotu frons haec memoratur amica.

Sin autem exsistit duratis tibi glandibus inguen,

Proderit induci cochleas cum melle minutas.

Obscenos si pone locos nova vulnera carpent,

Horrentum mansa curantur fronde ruborum.

At si jam veteri succedit fistula morbo,

Mustelae cinere immisso purgabitur ulcus,

Sanguine seu ricini, quem bos gestaverit ante.

Herba chelidoniae fertur cum melle mederi

Herbaque cum sevo foliis de mille vocata.

XXXVI. Contre les affections des parties sexuelles.

Je passe aux remèdes qu’il faut employer contre les affections des parties sexuelles. Le vin vieux et le lait de chèvre en fomentation sont très efficaces contre les affections du pénis. Il est bon de mâcher le matin des feuilles de myrte, puis de les appliquer sur la partie malade. Des lotions de lie de vin sont encore un remède efficace. L’eau de mer a une âcreté qui dissipe le gonflement des testicules. On peut également y remédier au moyen d’oignons broyés dans du vin miellé, ou de cire combinée avec du cyprès, ou bien encore de fèves cuites dans la liqueur de Bacchus. On prétend que, entre autres remèdes propres à dissiper les fortes tumeurs produites par les hernies, il est bon d’employer un mélange de farine mouillée et de feuilles de cyprès. La feuille de cet arbre funèbre est aussi très bonne en fomentation. Pour dissoudre les glandes qui se forment quelquefois dans les aines, il faut appliquer dessus des limaçons broyés dans du miel. Si quelque autre affection se déclare en dessous des parties sexuelles, on fera bien d’y appliquer des feuilles de chardon mâchées. Si le mal invétéré se change en fistule, il faut introduire dans l’ulcère de la cendre de belette, ou du sang d’une tique précédemment attachée à un bœuf. On recommande encore l’emploi de la chélidoine mêlée avec du miel, ou de cette herbe qui doit son nom à ses mille feuilles mêlée avec de la graisse.

XXXVII. Ischiae et articulari morbo.

Saepius occultus victa coxendice morbus

Perfurit, et gressus diro languore moratur:

Populus alba dabit medicos de cortice potus;

Nec non et tenerae gracili de fronde genestae

Arreptos caules, acidoque liquore madentes

Sumere conveniet, rubiam quoque ducere potu,

Aut in aminaeo cochleas haurire Lyaeo. [85]

Si vero articulos tabes inimica per omnes

Haeserit, ex ficu betas cum melle ligabis

Vel pelagi latices, simul et Baccheia dona

Sumere curabis, nimio sed parcito vino.

Ennius ipse pater, [86] dum pocula siccat iniqua,

Hoc vitio tales fertur meruisse dolores.

XXXVII. Contre la sciatique et l’arthritis.

Souvent la hanche devient le siège d’un mal occulte, douloureux, qui ôte jusqu’à la faculté de marcher. L’écorce du peuplier blanc et la feuille tendre et délicate du genêt donnent une boisson qui en calme les angoisses. Il convient aussi de manger des choux bouillis dans du vinaigre ou de boire une infusion de garance. Le vin aminéen on l’on a broyé des limaçons est une boisson également salutaire Si le mal se fixe sur toutes les articu1ations, il sera bon de faire usage de cataplasmes de poirée mêlée avec des figues et du miel. L’eau de mer mêlée avec la liqueur de Bacchus n’est pas moins efficace mais le vin ne doit être employé qu’avec une sorte de parcimonie. A force de boire, dit-on, Ennius, ce père de la poésie, puisa dans coupe cette cruelle maladie.

XXVIII. Furunculo medendo.

Quum sanguis nimius puri permixtus atroci

Aestuat et papulas alte sustollit acutas,

Resinam misces, et saxis hordea fracta:

Conspersa haec tepidis apponere convenit undis.

Vis et hyoscyamum cerae sevoque jugatum

Nectere, non minus haec poterit medicina juvare.

Praetereaque fimum ex gallo quod legeris albo,

Imbribus ex acidis fidens appone dolenti.

Auribus aut pecudum molles expromito sordes,

Unguine quo fotis dabitur medicina papullis.

XXVIII Contre les furoncles.

Lorsque la trop grande abondance du sang mêlé aux humeurs mordicantes pousse au dehors des pustules saillantes, pétrissez de la résine avec de l’orge broyée, imbibez d’eau tiède ce mélange, et appliquez le tout sur la partie malade. Un topique composé de jusquiame, de cire et de graisse, ou de fiente de coq blanc délayée dans du vinaigre, c’est un remède qu’on peut employer avec confiance. Vous pouvez encore vous servir en fomentation du cérumen que sécrète l’oreille de la brebis.

XXXIX. Carboni medendo.

Horrendus magis est, perimit qui corpora, carbo:

Urit hic inclusus, vitalia rumpit acerbus;

Hunc veteres quondam variis pepulere medellis.

Tertia namque Titi simul et centesima Livi

Charta docet ferro talem candente dolorem

Exsectum, aut poto raporum semine pulsum:

Infecti dicens vix septem posse diebus

Vitam produci: tanta est violentia morbi.

Dulcacidum laticem cum lini semine junge

Atque fimum pariter Paphiae compone columbae:

Hinc line duratas partes et clausa venena.

Praeterea triti reserant et operta lupini.

Nonnullus calcem vivam dissolvit aceto

Fumantemque illam papulis apponit acerbis.

Est qui gallinae perducat stercore corpus.

Allia vel piperi parce commixta linuntur.

Pythagorae cognata [87] levi condita cumino

Proderit, et madido fermentum polline turgens.

XXXIX. Contre le charbon.

Plus terrible dans ses ravages, le charbon est une gangrène dévorante, qui détruit, partout où elle s’étend, le principe de la vie. Les anciens recouraient à divers remèdes pour combattre cette maladie. On lit dans le cent troisième livre de Tite-Live, qu’on peut y remédier en cautérisant la partie gangrenée avec un fer rouge blanc, ou encore en buvant une décoction de graine de rave. Il dit que ce mal est si violent, si rapide dans ses effets, que celui qui en est atteint ne saurait prolonger sa vie au delà de sept jours. Des fomentations faites avec un mélange de graines de lin, d’oxymel, et de fiente de la colombe consacrée à la déesse de Paphos, peuvent aussi avoir un bon résultat. Des cataplasmes de lupins broyés ont une vertu émolliente, qui, en relâchant les chairs, ouvre une issue au poison intérieur. Quelques personnes font dissoudre de la chaux vive dans du vinaigre et l’appliquent toute fumante sur la plaie. D’autres frottent le corps du malade avec de la fiente de poule. L’ail broyé avec un peu de poivre est encore regardé comme un liniment efficace. On peut aussi se servir de la fève parente de Pythagore, qu’on aura soin de broyer avec la feuille légère du cumin, ou de farine pétrie avec du levain.

XL. Pano, vomicae et strumae depellendis.

Sunt alii, quos dura movet natura, tumores

Non minus horrendi, sed non ita perniciosi,

Vomica qualis erit, vel eidem proxima quaedam.

Simplice resina miscebimus hordea tusa,

Et mulsos amnes et purgamenta columbae:

His bene decoctis languentia membra foventur.

Mollis odorato faba jungatur coriandro:

Proderit appositu, mollitque aperitque tumorem.

Aut de phasganio radix decocta palustri,

Quae salis admixto tundetur condimento;

Proderit et mansum quod traxeris arbore viscum.

Gramen hyoscyami cerae sevoque vetusto

Concilia mixtisque locos perduce dolentes.

Exercere etiam corpus medicina potens est.

Ovum defundes in fictile, deinde putamen

Marrubii suco implebis, post melle liquenti

Omnia consociata, tepenti prospera potu

Sumuntur, reserantque malum purgantque levantque.

XL. Contre l’érésipèle, la vomique et les scrofules.

La nature marâtre a encore suscité contre l’homme d’autres maux aussi dégoûtants, mais moins dangereux. De ce nombre est la vomique, et les autres affections qui ont quelque analogie avec elle. On peut y remédier par des fomentations faites avec une décoction d’orge, d’eau miellée et de fiente de colombe. Un cataplasme fait avec la fève tendre et la coriandre odorante a la vertu d’amollir et de dissiper la tumeur. On peut aussi se servir d’une décoction de racine de glaïeul assaisonnée de sel, ou bien encore de gui mâché. Des frictions faites, sur la partie malade, avec un mélange de feuilles de jusquiame, de cire et de vieux oing ne sont pas sans efficacité. L’exercice est en pareil cas un puissant remède. Délayez encore un œuf dans un vase de terre, emplissez une coquille de sac de marrube, puis mêlez et faites chauffer le tout avec du miel, et vous obtiendrez une boisson qui, en relâchant et purifiant les chairs, facilitera l’écoulement des matières purulentes.

XLI. Igni sacro removendo.

Est etiam morbi species, quae dicitur ignis, [88]

Languida quod multo torrentur membra calore.

Vel tu vicino sevum bovis igne remittis

Mollitumque lines: vel oloris faecibus ova,

Sed non cocta, dabis, sic torrida membra fovebis,

Lumbricus terrae mixto inducetur aceto,

Aut parili nova ruta modo, sed jungis olivum.

Ovaque cum betis prosunt super illita tritis.

Allia dant cinerem sociandum oleoque garoque,

Unguine quo gliscens deponet flamma furorem.

Saepe chelidoniae pars, candida jungitur ovi,

Quae modico in potu, sed valde trita, capesses,

Admiscere memor lymphas amnemque Falerni.

XLI. Contre le feu sacré.

Il ya une espèce de maladie qui brûle, qui dévore le corps ce qui lui a fait donner le nom de feu. On peut y remédier en frottant le corps du malade avec de la graisse de bœuf, qu’on a fait chauffer pour la rendre plus maniable, ou de la fiente de cygne mêlée avec des œufs non cuits. On peut encore se servir, comme topique, de vers de terre macérés dans du vinaigre. On peut remplacer les vers par de la rue fraîche, mais en y joignant de l’huile. On attribue la même vertu à de nombreuses frictions faites avec un mélange d’œufs et de poirée broyée. La cendre d’ail mêlée avec de l’huile et de la saumure de garas est également propre à apaiser le feu sacré. On ordonne souvent au malade pour boisson un peu d’eau et de vin de Falerne contenait de la chélidoine et un blanc d’œuf soigneusement triturés.

XLII. Podagrae depellendae.

Quaedam sunt rabidae medicamina digna podagrae,

Cui ter tricenas species Epidaurius ipse

Dixit inesse deus: requiem tamen indere morbo

Fas erit, et tristem saltem mulcere dolorem.

Ergo age et arreptum salicis frondemque librumque

Cum vino tere, sic contractos perline nervos.

Aut quum prima mali sese ostentabit origo,

Fervida non timidis tolera cauteria plantis:

Seminecisve hirci reserato pectore calces

Insere, sic dirae reprimes primordia pestis.

Aut si corruptus persederit altius humor,

Trita cupressus ibi Baccho jungetur acerbo,

Panibus et teneris: cohibebitque addita questus.

Parva sabucus item hircino collita sevo,

Triticeaeque acido manantes amne farinae,

Aut nitido ranae decoctum viscus olivo

Sive chelidoniae succus, sed mixtus aceto.

Sunt quibus apposita siccatur hirudine sanguis.

Non audita mihi sit fas, sed lecta referre: [89]

Hoc quidam rabidus morbo per tempora messis [90]

Vicino plantas frumenti pressit acervo

Evasitque gravem casu medicante dolorem.

XLII. Contre la podagre.

Il n’y a point de remède qui puisse guérir entièrement de la podagre, maladie cruelle, dont Esculape compte quatre-vingt dix espèces; cependant on peut en apaiser l’ardeur et en rendre les douleurs moins aiguës. Ainsi on obtiendra quelque soulagement en se fomentant avec de feuilles et de l’écorce de saule broyées dans du vin. Dès les premières attaques, il faut avoir le courage de s’appliquer un fer brûlant sous la plante des pieds. En plongeant vos pieds dans les entrailles palpitantes d’un bouc qu’on vient d’éventrer, vous arrêterez les progrès du mal naissant. Mais si le mal est plus profond, plus intime, il faut alors y appliquer un cataplasme composé de cyprès, de vinaigre et de pain tendre, et la douleur sera réprimée. L’hièble unie à la graisse de bouc est aussi un bon spécifique. On peut encore se servir de farine de froment pétrie avec du vinaigre, ou d’intestins de grenouille cuits dans de l’huile d’olive pure, ou enfin de suc de chélidoine mêlé avec du vinaigre. Il y en a qui s’appliquent des sangsues et se soulagent ainsi par une émission sanguine. Qu’il me soit permis de rapporter, non ce que j’ai entendu dire, mais ce que j’ai lu: un homme atteint d’un accès de goutte au temps de la moisson, se sentit tout d’un coup délivré de son mal, en foulant par hasard une gerbe de blé qui se trouvait là.

XLIII. Vulneribus ferro aut verberibus factis.

Naturae vitiis medicas objecimus artes:

Nunc et fortunae jaculis obsistere par est.

Si cui forte lapis teneros violaverit artus,

Necte adipes vetulos simul et tritam chamaecisson [91]

Nec pudeat luteae stercus perducere porcae.

Sin autem saevo laceratum est verbere corpus,

Tum lixiva cinis [92] ceras dissolvit et ova

Admixtoque oleo vibices comprimit atras.

Si vero infrenus manat de vulnere sanguis,

Purpura torretur conchyli perlita fuco,

Hujus et atra cinis currentem detinet undam.

Verrucae quoque desectae frenare cruorem

Dicitur ambustus Tyrio de vellere pulvis:

Praeterea nimios reserati vulneris amnes

Feniculi cinis adstringit, vel fimbria porri.

Sive fimus manni cum testis uritur ovi

Et reprimit fluidos miro medicamine cursus.

XLIII. Contre les blessures faites par le fer ou par le fouet.

J’ai indiqué les remèdes propres à combattre les maux qui viennent de la nature: il me reste à faire connaître ceux qui guérissent les maux causés par des accidents. Si une pierre a mis à l’épreuve la sensibilité de notre corps, il faut appliquer sur la blessure du vieux oing et du lierre terrestre broyé. Ne répugnez pas à vous servir de la fiente du porc, qui se plaît dans la fange. Si le corps a été déchiré par les cruelles lanières du fouet, en se fomentant avec une mixtion de cire, d’œufs, de cendre de lessive et d’huile, on fera disparaître les meurtrissures. Si le sang ruisselle, la cendre de la laine qui doit sa couleur à ce précieux coquillage d’où la pourpre a tiré son nom, en arrêtera le flux. La cendre de la laine de Tyr a aussi la vertu d’étancher le sang qui jaillit après l’excision d’une verrue. Dans le cas où une blessure vient à se rouvrir, on peut également arrêter l’hémorragie avec de la cendre de fenouil ou des filaments de poireau. Le fumier de cheval brûlé avec les coquilles d’un œuf est encore un remède d’une merveilleuse efficacité pour réprimer la fuite du sang.

XLIV.Vulneribus quibuscumque casibus factis.

Tam varia humanae sunt vulnera conditionis,

Ut nequeam proprias cunctis adscribere curas.

Iisdem igitur monitis casus sanabimus omnes,

Sic tamen ut nullus medicinam excluserit error.

Ergo, modus quicumque obtingit vulneris atri,

Contritus cum melle dabit medicamina bulbus:

Herbaque quae foliis nomen de mille recepit,

Appositu prodest adipi permixta vetusto.

Succida cum tepido nectetur lana Lyaeo

Ambustaeve cinis complebit vulneris oras.

Concludit vero vel frons vel ramus ab ulmo;

At sucis hederae pulchrescit foeda cicatrix.

XLIV. Contre les blessures causées par des accidents divers.

L’homme est sujet à tant de sortes de blessures, qu’il est impossible d’indiquer des remèdes pour chaque cas en particulier. Je me bornerai donc à donner des conseils généraux, mais tels qu’on ne puisse en retirer que d’heureux effets. Ainsi, quelle que soit la nature de la blessure, on peut appliquer dessus avec confiance soit un oignon broyé avec du miel, soit du vieux oing avec de la millefeuille, ou un flocon de laine grasse imbibé de vin tiède. Réduite en cendre, cette laine a la vertu de rapprocher les chairs. Les feuilles ou un rameau d’orme cicatrisent bien les blessures, et le suc de lierre en fait disparaître les traces hideuses.

XLV. Hominis ac simiae morsui.

Sive homo seu similis turpissima bestia nobis

Vulnera dente dedit, virus simul intulit atrum,

Vettonicam ex puro prodest assumere Baccho.

Nec non et raphani cortex decocta medetur,

Si trita admorsis fuerit circumlita membris.

XLV. Contre la morsure de l’homme ou du singe.

Pour dissiper le venin que distille dans la chair la morsure de l’homme ou de ce vilain animal qui lui ressemble, on se trouvera bien de boire du vin pur ou l’on aura infusé de la bétoine, ou de fomenter la partie blessée avec une décoction de pelure de raifort.

XLVI. Serpentium morsibus et venenus excludendis.

Cuspide non quisquam, longae neque caede sarissae,

Fulmine non gladii, volucris nec felle sagittae

Quam cito vipereo potis est affligier ictu.

Quare aptam dicamus opem, succosque medentes.

Quae nocuit serpens: fertur caput illius apte

Vulneribus jungi: sanat quem sauciat ipsa

Ut Larissaea curatus Telephus hasta. [93]

Proderit et caulem cum vino haurire sabuci

Aut coctum raphani librum tritumque ligare,

Sive etiam celsa folium de mole cupressi.

Aut tithymallus atrox vulnus contrita perungit.

Carduus est nondum doctis fullonibus aptus,

Ex illo radix tepido potatur in amni.

Cervino ex foetu commixta coagula vino

Sumuntur, quae res membris agit atra venena

Aut ferulae radix potatur in imbre Lyaei

Betonicaeve leves, gallinae aut jura vetustae.

Si vero horrendum vulnus fera fecerit aspis,

Urinam credunt, propriam conducere potu:

Varronis fuit ista senis sententia; nec non,

Plinius ut memorat, sumpti juvat imber aceti.

Dicendum, et quae sit praecox medicina timenti:

Cautio namque potest diros praevertere morsus.

Si jecur exsectum tardo de vulture portes,

Erucis aut si totos perduxeris artus,

Quas prius attritas vehementi spargis aceto.

Aut tu cervina per noctem in pelle quiesces,

Aut genere ex ipso dentem portabis amicum.

Toxica praetera qua sint pellenda medella,

Expediam: sanguis poterit prodesse caninus,

Qui facili potu antidotos imitatur honestas.

Vis et mirificos cautus praediscere odores,

Accensis quibus arcetur teterrima serpens?

Aut styracem torres, aut diri vulturis alam,

Vel nepetam, aut frondem rigidae stirpemque myricae.

XLVI. Contre la morsure des reptiles venimeux.

La pointe acérée de la longe pique macédonienne, l’éclair mortel de l’épée, le poison de la flèche empennée, ont des effets moins rapides que la morsure de la vipère. Disons ce que l’art a découvert pour le salut de l’homme, et quels sont les sucs dont l’expérience a prouvé la vertu salutaire. Un moyen, dit-on, de remédier à la piqûre d’un serpent, c’est d’appliquer la tête du reptile sur la blessure même: elle blesse et guérit, comme la lance du héros de Larisse, qui blessa et guérit Télèphe. Il convient aussi de boire du vin où l’on a mis une tige d’hièble, et d’appliquer sur la plaie une pelure de raifort cuite et broyée; ou de se fomenter avec des feuilles broyées de tithymale ou de cet arbre qui déploie dans les airs le vaste ombrage de ses rameaux funèbres. Le chardon, trop vert encore pour servir à l’industrieux foulon, fournit aussi, par la décoction de sa racine, un breuvage non moins salutaire. La présure d’un fœtus de cerf, mêlée avec du vin, est un bon spécifique contre le funeste venin des reptiles. La racine de férule, la bétoine légère ou le jus d’une vieille poule communique au vin une vertu médicale des plus efficaces. — Pour conjurer les effets de la terrible piqûre de l’aspic, on prétend qu’il faut boire de sa propre urine: c’était l’avis du vieux Varron; Pline recommande de boire du vinaigre. L’art a encore des préceptes pour prévenir le mal et préserver l’homme des piqûres venimeuses. Il faut avoir soin, par exemple, de porter sur soi un foie de vautour, enlevé avec le fer du flanc de cet oiseau au vol pesant, ou de se frotter tout le corps avec des chenilles broyées dans du fort vinaigre. On se trouvera bien aussi de s’envelopper la nuit dans une peau de cerf, ou de cacher dans ses vêtements une dent de cet animal. — En cas d’empoisonnement, il faut boire du sang de chien: remède facile, et qui vaut les antidotes les plus vantés. — Voulez-vous enfin connaître les odeurs qui ont la vertu merveilleuse de mettre en fuite les hideux reptiles ? Les principales sont celles qu’exhalent, en les brûlant, le storax, l’aile du cruel vautour, le pouliot sauvage, la feuille ou la racine de tamarin, cette plante qui ne sait point plier sous l’haleine du vent.

XLVIII. Ictibus scorpii et morsibus muris caeci, vel aranei.

Sunt minimae specie, sed dirae vulnere pestes,

Quae magis in tenui latitantes corpore fallant:

Scorpius ut gravis est, et araneus: haec mala semper

Captant securos multa jam nocte sopores.

Et documenta dedit nobis prostratus Orion, [94]

Magna quod exiguis perimantur saepe venenis.

At qui vulnus atrox incussit scorpius ardens,

Continuo capitur; tunc digna caede revulsus,

Vulneribusque aptus, fertur revocare venenum.

Aut calidis pelagi lymphis loca laesa foventur:

Sive meri potu dissolvitur improba pestis.

Ad cunctos autem morsus ictusque minorum

Caseus aptus erit simae de lacte capellae [95]

Cumque hoc absumi debebit origanus herba:

Haec duo mirificis curabunt icta medelis.

Nec non feniculo calidum annectetur anethum

Aut vivum sulphur sicca cum faece Lyaei.

Exiguo piperis cerebrum conspergito galli,

Quo lita sanescant depulso membra dolore.

Sin autem muris nocuit violentia caeci,

Quae sola signavit volvendis orbita plaustris,

Illine: mira datur vili de pulvere cura.

XLVII. Contre la piqûre du scorpion et la morsure de la musaraigne.

Il y a des animaux dont les blessures sont d’autant plus redoutables, que la petitesse même de leur corps semble ne devoir inspirer que la sécurité: tels sont le scorpion et la musaraigne. C’est pendant la nuit profonde, dans la tranquillité du sommeil, qu’on est exposé aux atteintes de ces animaux venimeux: témoin Orion, dont la fin funeste prouve qu’un poison presque imperceptible peut anéantir les natures les plus puissantes. Si l’on a eu le malheur d’être piqué par le dard brillant du scorpion, il faut à l’instant se saisir du reptile et, d’une main prompte à se venger, l’écraser sur la plaie; car on dit qu’il retire à lui le venin dont il a infecté sa victime. Il sera bon aussi de faire chauffer de l’eau de mer et d’en fomenter la plaie. Le vin pur, pris en boisson, a également une vertu salutaire qui neutralise l’effet du venin. — Quant aux morsures et aux piqûres moins dangereuses des autres bêtes venimeuses, il est facile d’en prévenir les suites en mangeant du fromage fait avec le lait de la chèvre camuse et mêlé avec de l’origan: l’efficacité de ce remède est vraiment merveilleuse. On peut encore appliquer sur la plaie de l’aneth bouilli avec de fenouil, ou bien du soufre vif mêlé avec de la lie de vin desséchée. Une fomentation faite avec la cervelle d’un coq, assaisonnée d’un peu de poivre, n’est pas moins salutaire. — A-t-on à remédier à la terrible piqûre de la musaraigne? il est on remède vil, mais d’une merveilleuse efficacité : c’est d’enduire la plaie avec de la boue ramassée dans une ornière.

XLVIII. Subitanco dolori, febri atque ostocopo.

Nonnunquam exsistit subiti nova causa doloris,

Cujus origo latet, veris reprimenda medelis.

Namque chelidoniam mixto sale nectere prodest

Velleraque infuso recalentia sulphure sanant.

Ostocopon [96] lento conducit melle perungui.

Sin autem calidae depascent corpora febres,

Tunc apii succus leni sociatur olivo.

Membra lines, fotuque ferus mulcebitur ignis.

Nec spernendus adeps, dederit quem bestia melis.

Seminecis cervi lacrymam miscere liquori

Convenit, atque artus illinc mulcere calentes:

Febribus at longis galli nova jura vetusti

Subveniunt, tremulis etiam medicantia membris.

XLVIII. Contre les douleurs subites; contre la fièvre et les douleurs ostéocopes.

Quelquefois une douleur subite et dont la cause est inconnue, nous soumet à de rudes épreuves. On peut y remédier en appliquant sur le siège du mal des feuilles de chélidoine avec du sel ou de la laine chaude imprégnée de soufre. Les douleurs ostéocopes cèdent aisément à une douce fomentation de miel. Si le corps est dévoré par l’ardeur de la fièvre, il sera bon de se fomenter avec du suc d’ache mêlé avec de l’huile onctueuse: rien n’est plus efficace pour rafraîchir les membres brûlants. On peut encore se servir avec confiance de graisse de blaireau. Les larmes d’un cerf mourant mêlées avec de l’eau ont également une vertu qui apaise le feu dont le corps est consume. Ce remède dissipe complètement la maladie et refoule la bile dans les entrailles. Il débarrasse aussi l’estomac du chyme qui le surcharge, affection qui est d’autant plus redoutable qu’elle est plus ancienne. S’il s’agit de combattre une fièvre invétérée, le jus tiède d’un vieux coq a une vertu très efficace; il apaise aussi le frisson.

XLIX. Quartanae typo medicando.

Nec tu crede levem dilato tempore febrem,

Quae spatium sibi dat, magis ut cessando calescat,

Letali quae grassatur quartana calore,

Ni medicas adhibere manus curemus et herbas.

Allia non pudeat terno cum cimice trita

Et diluta mero mediis haurire diebus;

Aut facilem jecoris murini ducere fibram,

Quattuor ut puri junguntur scrupula Bacchi.

Mira est absinthi cum simplice potio lympha.

Sume tribus digitis apprensum semen anethi,

Tantumdem marathri, mulsum nec desit acetum,

In cujus cyatho praedicta salubriter hauris.

Maeoniae Iliados quartum suppone timenti:

Aut leporis trepidi diluta coagula trade.

Prodest et potus, sed mulsus Doridis humor. [97]

Quidam etiam miranda ferunt, veniente calore,

Jurantes ludum Veneris munusque petendum.

Sed prius est oleo partus fervescere ranae

In triviis, [98] illoque artus perducere succo.

XLIX. Contre la fièvre quarte.

Ne croyez pas que l’intermittence soit un signe du peu de gravité de la fièvre; au contraire, la maladie disparaît pour revenir plus forte qu’auparavant. Telle est la fièvre quarte, dont le terme est la mort, si l’on ne se hâte d’y remédier en recourant aux conseils de l’art et à la vertu salutaire des plantes. N’hésitez pas à boire, sur le midi, du vin où vous aurez broyé de l’ail avec trois punaises, ou à avaler du foie de rat détrempé dans quatre scrupules de vin pur. Une simple infusion d’absinthe dans de l’eau donne un breuvage qui est encore d’un merveilleux effet. Cueillez de la graine d’aneth avec trois doigts ajoutez-y une égale quantité de fenouil; puis broyez ces deux plantes dans une tasse d’oxymel, et vous obtiendrez une boisson qui n’est pas moins salutaire. Placez sous le corps du malade qui craint le retour de la fièvre quarte le quatrième livre de l’Iliade d’Homère, ou faites-le boire sur la présure du lièvre peureux. L’eau de mer, édulcorée avec le miel, est un breuvage efficace. Il y en a qui conseillent des remèdes étranges; qui veulent, par exemple, qu’au retour de la fièvre on se livre à l’amour, mais après avoir fait bouillir, au milieu d’un carrefour, un têtard dans de l’huile, et s’en être frotté le corps.

L. Tertianae typo medicando.

Est etiam alternis febris rediviva diebus,

Tempora discernens quasi justae pondera librae.

Ut possis igitur talem prohibere furorem,

Involves cera pallentis grana cumini,

Puniceaeque indes pelli, colloque ligabis.

Pulegii ramus lanae velatus amictu

Tempore suspecto medicos praebebit odores.

Praeterea tritus cimex potatur in ovo,

Horridus attactu, sed gustu commodus apto.

L. Contre la fièvre tierce.

Il y a une autre fièvre qui cesse et se renouvelle alternativement de deux jours l’un. Pour y remédier, il faut enfermer de la graine du pâle cumin dans une boule de cire, mettre ensuite cette boule dans un sac de cuir rouge et suspendre le sac au cou du malade. Une branche de pouliot enveloppée de laine prévient aussi par son odeur le retour de la fièvre. Quelle que soit la répugnance que vous éprouviez à toucher une punaise, n’hésitez-pas à écraser cet insecte dans un œuf cru, et à l’avaler en suite, car ce remède est des plus efficaces.

LI. Quotidianae typo medicando.

At qui continuis non cessat adire diebus,

Sed tantum certas morbus discriminat horas,

Triticeum metuit granum, si credere dignum est,

Quod latitans fracto fuerit sub pane repertum.

Nec non ossa juvant septis inventa domorum:

Convenit haec tereti pendentia subdere collo.

Multaque praeterea verborum monstra silebo: [99]

Nam febrem vario depelli carmine posse

Vana superstitio credit tremulaeque parentes.

LI. Contre la fièvre quotidienne.

La fièvre qui revient tous les jours sans d’autre intermittence que l’intervalle de quelques heures, ne peut résister, dit-on, au pouvoir qu’exerce sur elle un grain de froment qu’on vient à découvrir en rompant son pain. Des os trouvés dans les murs d’une maison et suspendus en guise de collier, produisent le même effet. Je tairai beaucoup d’autres moyens magiques; car une vaine superstition, née de la sollicitude craintive des mères, croit qu’on peut chasser la fièvre avec des mots.

LII. Hemitritaeo depellendo.

Mortiferum magis est quod Graecis hmitritaion

Vulgatur verbis: hoc nostra dicere lingua

Non potuere ulli, puto, nec volvere parentes.

Inscribes chartae quod dicitur abracadabra, [100]

Saepius, et subter repetis, sed detrahe summae,

Et magis atque magis desint elementa figuris

Singula, quae semper rapies, et cetera figes,

Donec in angustum redigatur littera conum:

His lino nexis collum redimire memento.

Nonnulli memorant adipem prodesse leonis.

Coralium [101] atque crocum corio connectito felis,

Ne dubites illi verides miscere smaragdos:

Talia languenti conducent vincula collo

Lethalesque abiget, miranda potentia, morbos.

LII. Contre la fièvre demi-tierce.

La fièvre que les Grecs appellent hmitritaion [demi-tierce] est plus dangereuse. Le nom grec de cette fièvre n’a point été traduit en latin, soit parce que le génie de cette langue s’y oppose, soit parce que les pères et les mères, dans la crainte de porter malheur a leurs enfants, n’ont pas osé lui donner un nom. Ecrivez sur un morceau de papier ABRACADABRA; puis répétez ce mot autant de fois qu’il y a de lettres dans le mot, mais en retranchant chaque fois une lettre, de sorte que le tout ait la figure d’un cône. Cela fait, suspendez avec un fil de lin le morceau de papier au cou du malade. On prétend que la graisse de lion est aussi un bon spécifique. Le corail et le safran enveloppés dans une peau de chat ont une vertu non moins merveilleuse. Si vous jugez convenable de suspendre du corail au cou du malade, joignez-y avec confiance des émeraudes: ce talisman chassera infailliblement le feu mortel de la fièvre.

LIII. Fracturis et luxis sanandis.

Infandum dictu cunctis procul absit amicis,

Sed Fortuna potens omen convertat in hostes:

Vis indigna novo si sparserit ossa fragore,

Conveniet cerebrum blandi canis addere fractis,

Lintea deinde superque indutas nectere lanas:

Saepius et sucos conspergere pinguis olivi:

Bis septem credunt coalescere cuncta diebus.

Aut veteri Baccho caprae fimus inde petulcae:

Hoc aperit clausum, trahit haerens, sanat apertum.

Si vero caput infestus colliserit ictus,

Ex oleo necti vestis debebit arachnes:

Nesciet haec illinc, nisi quum sanarit abire.

Quod si luxa suo decedant membra tenore,

Urere femineos crines, ac jungere sevum

Congruet, ac tali medicamine mota ligare.

Aut malum ex pingui tritam apposuisse juvabit.

At si conclusum servavit tibia vulnus,

Stercus ovis placidae adipesque vetustos,

Pandere quae poterunt ulcus, patuloque mederi.

LIII. Contre les fractures et les luxations.

Si par malheur (que la Fortune détourne ses rigueurs de ceux qui nous sont chers et ne les fasse sentir qu’à nos ennemis!), si par malheur on s’est fracturé un os, il faut appliquer sur la partie blessée la cervelle du chien caressant, et envelopper la plaie avec du linge, puis recouvrir de laine. Il convient aussi de la fomenter avec le suc de la grasse olive: au bout de quatorze jours, les os se rejoindront. On peut encore mêler du vin vieux avec la fiente de la chèvre bondissante: ce remède dilate la chair, fait sortir les esquilles et cicatrise la plaie. — S’il s’agit de remédier à une contusion à la tête, il faut y appliquer une toile d’araignée imbibée d’huile. Cette toile d’araignée ne tombera qu’après cicatrisation parfaite. S’il y a luxation, la cendre de cheveux de femme, mêlée avec de la graisse, donne au cataplasme qui, appliqué sur l’os démis, remédiera à la dislocation. Une pomme broyée avec de la graisse est encore une bonne fomentation. Si l’os tibia est atteint d’une douleur provenant d’une blessure antérieure, le crottin de la douce brebis, mêlé avec de vieux oing, dilate la chair et ouvre une issue à la cause du mal.

LIV. Nervis incisis, et dolentibus, atque contractis.

Haud quisquam credet desectos vulnere nervos

Ad solitum rursus revocari posse vigorem;

Sed prodest terrae lumbricos indere tritos,

Queis vetus et rancens sociari axungia debet.

Si vero occultus nervos dolor urit inertes,

Vulturis excisos adipes rutamque remittes

Ac ceram, et tali recreabis languida fotu.

Convenit et pelagi calidis perfundier undis:

Carica vel betis lento cum melle jugatur

Aut Baccho madefacta Ceres cum fronde cupressi,

Quo poteris fotu recreare rigentia membra.

Sin autem subito replicantur corpora morbo.

Contractos revocat nervos caro sumpta columbae.

LIV. Contre les ruptures, les douleurs et les contractions de nerfs.

Il paraîtra peut-être impossible de renouer des nerfs rompus et de leur rendre leur vigueur première; cependant ces lésions se guérissent par l’application de vers de terre broyés avec de la graisse rance. S’il s’agit de remédier aux douleurs occultes qui affectent les nerfs engourdis, en broyant ensemble de la graisse de vautour, de la rue et de la cire, vous obtiendrez me mixtion très salutaire pour dissiper cette inertie. Il n’est pas moins bon de se fomenter avec de l’eau de mer qu’on a fait chauffer. On peut encore se servir de figues mélangées avec de la poirée et du miel gluant, ou de farine pétrie avec du vin et des feuilles de cyprès: des fomentations faites avec ces sortes de médicaments rendent aux nerfs leur souplesse. S’il s’agit de remédier a une contraction subite, en mangeant de la chair de colombe, on la dissipera infailliblement.

LV. Aegris somno adsciscendo.

Non solum miseros teterrima febris adurit,

Sed super optato pergit viduare sopore,

Ne prosint placidi, caelestia munera, somni.

Charta igitur, variis quam pinxit littera verbis,

Uritur, inde cinis calido potatur in amni.

Proderit et magnum capiti substernere fulcrum.

Prodest et mixtam lymphis potare cupressum,

Palladiis itidem succis cum flore rosarum

Jungis, et immisces madidum tritumque papaver,

Quo lita frons facilem praebebit nocte quietem.

Nec non mandragorae gustu sopor additur altus,

Dilue praeterea glomeramina, quae gerit intus

Clausa aries inter geminae coxendicis umbras:

Inde soporati ducentur gutture potus.

LV. Contre les insomnies.

La fièvre ne se borne pas à brûler de ses feux les membres du malade, elle le prive aussi du sommeil, ce présent des dieux. Entre autres remèdes, brûlez un papier sur lequel vous aurez tracé différents mots, et buvez-en la cendre dans de l’eau chaude. Il est bon encore d’avoir au lit la tête élevée, de boire des infusions de feuilles de cyprès, ou de se frotter le front avec un mélange d’huile, de feuilles de rose et de pavot frais broyé: cette fomentation ramènera sans peine le sommeil pour la nuit qui suit. La mandragore est aussi très soporifique. En délayant les globules fangeux qui pendent à la queue de bélier, on obtiendra encore un breuvage propre à rappeler le sommeil.

LVI. Lethargiae expellendae.

Diximus hanc sortem miseris mortalibus esse,

Ut saepe mala inter se contraria morbi.

Denique nonnunquam somno sic membra gravantur,

Ut conjungatur letho sopor altus acerbo.

Ergo levi flamma torrentur cornua caprae,

Quo nidore gravem depellent lumina somnum.

Aut Veneris labrum quae dicitur herba, bibetur,

Quae teritur prius, et vino confusa liquescit.

Conveniunt acidis euphorbia mixta fluentis,

Gramina vel rutae, gemina si nare trahantur.

Quidam dira jubent; septeno cimice trito

Ut vitientur aquae, cyathusque bibatur earum:

Haec potiora putant, quam dulci morte perire.

LVI. Contre la léthargie.

Nous avons déjà fait remarquer que les malheureux mortels sont sujets aux maux les plus opposés. Quelquefois leurs membres sont saisis d’un engourdissement qui les plonge dans un sommeil qui devient celui de la mort. La come de chèvre, suspendue sur la flamme légère, exhale une odeur qui soulève les paupières appesanties par le sommeil. L’herbe qu’on appelle lèvre de Venus, broyée dans du vin, donne une boisson qui n’est pas moins salutaire. L’euphorbe mêlé avec du vinaigre ou de la graine de rue, et aspire par les narines, est également efficace. Enfin, il y en a qui ordonnent un remède bien dégoûtant: c’est de boire une tasse d’eau infectée de sept punaises broyées: breuvage odieux, mais préférable a la mort, si douce qu’elle soit.

LVII. Comitiali morbo.

Est subiti species morbi, cui nomen ab illo est,

Quod fieri nobis suffragia justa recuset.

Saepe etenim membris atro languore caducis,

Consilium populi labes horrenda diremit.

Ipse Deus memorat dubiae per tempora lunae

Conceptum, talis quem saepe ruina profudit.

Prodest cum veteri Baccho fel vulturis ampli:

Sed cochlear plenum gustu tibi sufficit uno.

Aut cruor ex Progne mixtus cum polline thuris:

Aut apium elixum, aut conditum melle fel agni;

Marrubiumve pari confusum pondere mellis,

Cui tu terna dabis gustu cochlearia in uno.

Aptus mustellae cinis est et hirundinis una.

Praeterea pluvias hominis quas calva supina

Excepit projecta sinu, consumere prodest.

Aut lapis ex nido, vaga quem congessit hirundo, [102]

Vellitur, et nexu fovet attollitque jacentem.

Pellitur, ut fama est, gustu quoque languor anethi.

LVII. Contre l’épilepsie.

L’épilepsie est un mal subit, qu’on appelle vulgairement maladie comitiale, parce qu’il fait exclure des comices ceux qui en sont atteints. En effet, il est arrivé maintes fois qu’un citoyen frappé de ce mal affreux a troublé et interrompu l’assemblée publique. Esculape dit que ceux qui sont sujets aux attaques d’épilepsie ont été conçus pendant la nouvelle lune. Le fiel du vautour à la vaste envergure, mêlé avec du vin vieux, donne une boisson salutaire, dont il suffira de faire prendre une cuillerée chaque fois que reviendra le mal. On recommande également de boire de sang d’hirondelle mêlé avec de la farine d’encens, ou une infusion d’ache bouillie, ou bien encore de fiel d’agneau avec du miel. Le marrube mélange avec une égale quantité de miel fournit encore un remède salutaire; mais il ne faut pas en administrer plus de trois cuillerées chaque fois. L’emploi de la cendre de belette et d’hirondelle n’est pas moins efficace. Il sera bon aussi de boire de l’eau de pluie recueillie dans un crâne l’homme. Prenez dans un nid d’hirondelle une de ces pierres qu’on trouve, dit-on, dans le ventre de cet oiseau voyageur; attachez-la au cou de l’épileptique, il ne tardera pas à recouvrer ses esprits et à se relever. L’aneth en boisson passe pour avoir la même vertu.

LVIII. Regio morbo pellendo.

Regius est vero signatus nomine morbus [103]

Molliter hic quoniam celsa curatur in aula.

Huic rubia ex mulsa fertur conducere lympha.

Allia trita dabis vino madefacta calenti.

Vellera cum vivo suffiri sulphure prodest.

LVIII. Contre la jaunisse.

La jaunisse est appelée mal royal, parce que les délices des cours ont, dit-on, la vertu de la dissiper. On la traite par la garance délayée dans de l’eau miellée. On se sert encore en fomentation d’ail broyé dans du vin chaud, ou de laine imprégnée de soufre vif.

LIX. Infantibus dentientibus vel strige inquietatis.

Nudum hominem primum mater natura profudit;

Insuper excruciat, niveis quum dentibus armat.

Collo igitur molli dentes nectentur equini,

Qui primi fuerint pullo crescente caduci.

Aut teneris cerebrum gingivis illine porci

Aut leporis niveum bibitur cum lacte caprino.

Praeterea si forte premit strix atra [104] puellos

Virosa inmulgens exertis ubera labris,

Allia praecepit Titini sententia [105] necti,

Qui veteri claras expressit more togatas.

LIX. Contre les douleurs de la dentition chez les enfants et l’influence funeste des sorcières.

Non contente d’avoir jeté l’homme nu sur la terre, la nature marâtre ne lui permet de se développer qu’au prix des souffrances. Pour remédier aux douleurs qui font pleurer l’enfant dont la bouche commence à s’armer de blanches rangées de dents, il faut lui attacher autour du cou des dents de lait d’un poulain. Il faut aussi frotter ses tendres gencives avec de la cervelle de porc, ou lui faire boire de la cervelle de lièvre délayée dans du lait de chèvre. — S’il arrive qu’une malfaisante sorcière ait fait sucer son lait venimeux à un enfant, le célèbre et ancien poète comique Titinius conseille de suspendre à son cou des gousses d’ail.

LX. Combusturis igne, vel frigore.

Sunt diversa quidem mala frigoris atque caloris:

Sed tamen amborum simili nocet ulcere virus.

Illa quoque usta putes, quae sunt nive laesa rigente.

Conversa in cinerem platani pila curat utrumque.

At vero ambustum flammis, qui candidus ovi

Succus inest, penna inductus, sanare valebit.

Aut tu succosae cinerem perducito lanae,

Aut vivam ex oleo veteri componito calcem,

Hordea vel franges atque ovi candida junges.

Adsit adeps porcae, mira est haec forma medelae,

Junge, chelidoniis ac sic line vulnera sucis.

Quodque recens ussit glacies, axungia simplex

Mulcet, et ex facili grata est medicamine cura.

LX. Contre les brûlures causées par le feu ou par le froid.

Le froid et le chaud, si opposés entre eux, produisent néanmoins des lésions identiques sur le corps, à tel point qu’on ne saurait affirmer qu’une blessure causée par la neige ne l’a point été par le feu. La cendre de baies de platane guérit les deux sortes de brulures. La lésion produite par le feu se guérit au moyen d’un blanc d’œuf tendu sur elle avec une plume. Vous pouvez encore y appliquer de la cendre de laine en suint, ou un emplâtre composé soit de chaux vive et d’huile rance, soit d’orge broyée dans un blanc d’œuf. Servez-vous aussi en fomentation de chélidoine mêlée avec de la graisse de truie, et ce bizarre remède vous soulagera aussitôt. Il suffit même, pour guérir les érésipèles flegmoneux occasionnés par le froid, de se fomenter avec un peu de graisse.

LXI. Venenis prohibendis.

Ut tutus fias infestae fraude novercae

Vel quicumque tuo carpetur lividus auctu,

Non expectatis eat obvia cura venenis.

Ante cibos igitur juglandis foetus edatur.

Produnt electri [106] variantia pocula virus.

Praeterea coctae querno cum cortice lymphae

Conveniunt potu, demersave ficus olivo.

Saepe etiam raphanum praedixit numen edendum.

Antidotos vero multis Mithridatica [107] fertur

Consociata modis, sed Magnus scrinia regis

Quum raperet victor, vilem deprendit in illis

Synthesin, et vulgata satis medicamina risit.

Bis denum rutae folium, salis et breve granum

Juglandesque duas, totidem cum corpore ficus: [108]

Haec oriente die pauco conspersa Lyaeo

Sumebat, metuens dederat quae pocula mater.

LXI. Des préservatifs contre le poison.

Si vous craignez les machinations d’une perfide marâtre ou d’un ennemi que vous a suscité votre prospérité, n’attendez pas que la haine ou l’envie accomplisse ses funestes desseins dans le temps où vous y pensez le moins. Souvenez-vous de manger des noix avant de vous asseoir à une table suspecte. Une coupe d’ambre décompose le poison et en trahit la présence. On peut encore, entre autres préservatifs, boire une décoction d’écorce de chêne bouillie dans de l’eau, ou manger des figues détrempées dans de l’huile. Esculape recommande de manger souvent du raifort. Le célèbre antidote de Mithridate était compose de plusieurs ingrédients si communs, que Pompée se prit à rire lorsqu’il en trouva la recette dans l’écrin du roi de Pont. Il y entrait vingt feuilles de rue, un peu de sel, deux noix, autant de figues, le tout broyé et délayé dans un peu de vin. Cet antidote, qu’il tenait de sa mère inquiète, était le breuvage qu’il prenait chaque matin à son réveil.

LXII. Venenis datis.

Si nequit infandum praevertere cautio virus,

Proximus ille gradus data pocula pellere cura.

Lacte asinae placidaeque bovis prodesse loquuntur.

Betonicam ex parco sumunt plerique Lyaeo.

Quod si hederae succos, quae truncos implicat altos,

Instilles pateris, poterunt haud ulla nocere

Pocula, quae quisquam saevis vitiaverit herbis.

Si quis hyoscyamum gustarit, lacte capellae

Exhausto subitos poterit mulcere furores.

LXII. Contre les effets du poison.

Si, malgré vos précautions, vous n’avez pu prévenir les effets du poison, voici les moyens qui vous restent de les neutraliser. Hâtez-vous de boire du lait d’ânesse ou de vache. Le suc de bétoine infuse dans une petite quantité d’eau est un antidote auquel on a le plus souvent recours. Le lierre qui s’enlace en grimpant autour du tronc des hauts arbres, distille un suc dont quelques gouttes suffisent pour conjurer les funestes effets d’un breuvage empoisonné. Le lait de chèvre, administré en potion, dissipe le délire furieux qui suit les ingestions de jusquiame.

LXIII. Vulneribus ex re dubia curandis.

Vulnera tabescunt spatio vitiata vetusto,

Curaque nil prodest, nec ducitur ulla cicatrix.

Sed tamen herbarum tam mira potentia pollet,

Ulceris annosi sinus ut coalescere possit,

Marrubium si melle coquas, illoque liquore

Vulnus atrox foveas, cineres vel hirundinis altae

Inducas, leporisve aspersa coagula vino,

Aut hederam Baccho decoctam, et semen anethi,

Aut cineres alni tardo cum melle ligentur.

Lumbrici terrae poterunt conducere vulnus,

Aut facilis lapathi coma latior ulcera purgat,

Et commixtus adeps, sed non nullo sale tactus.

Pinea praeterea vivo cum sulphure cortex

Et pice cum spissa jam perdita membra reponit.

LXIII. Contre les plaies dont l’origine est douteuse.

Le temps ne fait qu’envenimer une plaie, et rend les soins impuissants pour l’amener à guérison. Cependant les plantes ont des vertus merveilleuses qui cicatrisent les ulcères les plus invétérés. On peut, avec confiance, se servir en fomentation d’une décoction de marrube et de miel, de la cendre que donne le corps brûlé de l’hirondelle qui se plaît dans les airs, de présure de lièvre mêlée avec du vin, ou enfin de vin où l’on a fait bouillir du lierre et de la graine d’aneth. Appliquez aussi sur la partie malade un cataplasme de cendre d’aune et de miel, ou des vers de terre. Les feuilles larges et tendres de l’oseille sont encore très propres à cicatriser les plaies. Il n’est pas inutile d’y mêler de la graisse modérément salée. L’écorce de pin broyée avec du soufre vif et de la poix compacte donne un emplâtre qui remédie à la corruption des chairs.

LXIV. Verrucis tollendis.

Interdum existit turpi verruca papilla:

Hinc quondam Fabio verum cognomen adhaesit,

Qui solus patriae cunctando restituit rem. [109]

Id poterit vitium sanguis curare lacertae,

Aut urina canis cum terra inducta madenti,

Aut herbae succus, quae fertur nomine lathyr. [110]

Et tithymallus item tali satis apta medelae.

Si rupta inmensos fundit verruca cruores,

Purpureo triti cineres de vellere prosunt,

Quod fuerit vero conchyli sanguine tinctum. [111]

LXIV. De la manière d’enlever les verrues,

Quelquefois il s’élève sur le visage ou ailleurs une excroissance parasite et hideuse qu’on appelle verrue. De là le surnom qui fut donné a ce célèbre Fabius qui sauva la république par ses temporisations. On peut parvenir à faire disparaître ces excroissances en les frottant avec du sang de lézard, avec de la terre détrempée d’urine de chien, ou avec du suc de l’herbe appelée lathyris. Le tithymale est également un bon spécifique. Pour arrêter l’écoulement du sang causé par la coupure d’une verrue, il faut appliquer sur la plaie de la cendre de la laine qui doit véritablement sa couleur à ce coquillage dont la pourpre a tiré son nom.

LXV. Haemorrhoidibus medendis.

Excruciant turpes anum si forte papillae,

Agrestis prodest radix superaddita porri,

Ne violet, sanant juglandis fragmina clausas. [112]

Sal niveum sumes, Baeticum nomine dicunt,

Dulcia cumque nigra junges fuligine mella,

Apponesque super: pellit medicina dolorem.

LXV. Contre les hémorroïdes.

Pour remédier aux tumeurs enflammées et douloureuses qui affectent souvent l’anus, il faut appliquer sur la partie malade de la racine de poireau sauvage. Si le mal est interne et occulte, il faut se servir d’écorce de noyer: le remède est très violent, mais il est efficace. Le miel a la saveur douce, la suie noire, et ce sel blanc qu’on appelle sel bétique, donnent un cataplasme qui est encore un spécifique très salutaire.

 


 

NOTES.

[1]Phoebe, salutiferurn, quod pangimus (v. 4). L’auteur invoque ici Apollon, non comme dieu de la poésie, mais comme inventeur de la médecine.

[2] — Tuque potens artis (v. 6). On ne saurait douter qu’Esculape n’ait été un médecin qui florissait quelques années avant le siège de Troie, et dont les Grecs ont fait un dieu, comme de tant d’autres personnages, qui, dans les temps héroïques et fabuleux, se sont illustrés par leur courage ou par leurs découvertes;

Inventas aut qui vitam excoluere per artes,

Quiqne sui memores alios fecere merendo.

(Virgile, Enéide, lib. VI, v. 663.)

Suivant la mythologie vulgaire, Esculape était fils d’Apollon et de la nymphe Coronis. Il naquit près d’Epidaure, et son éducation fut confiée au centaure Chiron, qui lui apprit à connaître les vertus des plantes. Bientôt le disciple devint plus habile que le maître, et sa réputation se répandit dans toute la Grèce. Il accompagna les Argonautes dans leur expédition, et il les guérit de toutes leurs maladies. A son retour de Colchide, il rendit la vie à Hippolyte, qui venait de périr victime de la perfidie de sa belle-mère. Pluton en porta ses plaintes à Jupiter, et ce dieu foudroya Esculape. Apollon, irrité de la mort de son fils, perça de ses flèches les Cyclopes qui avaient forgé la foudre dont Jupiter s’était servi. Plus tard, Jupiter, voulant consoler Apollon, plaça Esculape dans le ciel, où il forme la constellation du Serpentaire.

La plupart des villes de la Grèce lui rendirent, après sa mort, les honneurs divins mais son culte fut surtout en vigueur à Epidaure, à Athènes, à Pergame et à Smyrne, et passa dans la suite en Italie.

On le représentait sous les traits d’un vieillard grave et austère, enveloppé d’un long manteau, ayant à ses côtés un coq, symbole de la vigilance ou du réveil, et tenant dans la main droite un bâton entouré d’un serpent, emblème de la prudence.

Il avait eu deux fils, Podalire et Machaon, qui devinrent la tige des Asclépiades ces deux médecins guérirent Philoctète, à l’époque du siège de Troie.

[3] — Qui colis Aeginam (v. 8). Egine, île voisine du Péloponnèse, aujourd’hui Enghia. Nous avons suivi la leçon de Turnèbe, justifiée par ce passage des Guêpes d’Aristophane Diepleusen eiV Aiginan, « il passa dans l’île d’Egine. » On lit dans d’autres éditions Aegeas, qui serait le nom d’une ville de Cilicie ou, suivant Philostrate, auteur de la Vie d’Apollonius de Thyane, Esculape avait un temple célèbre.

[4] — Qui quondam.... Tarpeias arces (v. 9). Les Romains, ayant été délivrés d’une peste affreuse qui désolait la ville, se crurent redevables de ce bienfait à Esculape, et lui élevèrent un temple dans une île du Tibre où ils avaient vu un serpent se réfugier. Il est probable que, une fois ce dieu introduit à Rome, on lui consacra dans la suite un autre temple sur la roche Tarpéienne.

[5] — Teneris expone papyris (v. 13). Le mot teneris a exercé l’érudition des commentateurs, comme s’il cachait quelque sens figuré, fondé sur les différentes sortes de papier dont se servaient les anciens. On distinguait, en effet, le petit et le grand papier, et, sous les mêmes mots pris métaphoriquement, le style simple et le style pompeux. Nous croyons qu’il ne faut voir ici qu’une épithète oiseuse, donnée à l’écorce du papyrus, avec laquelle on faisait ce qu’on appelait charta, papier.

[6] — Vel quae septenis censentur gramina nodis (v. 16). On lit dans Pline (Hist. Nat., liv. xxiv, ch. dern.) : « Quod e graminum genere septem internodia habet, efficacissime capiti contra dolorem adalligabis. » Les botanistes donnent à cette plante le nom de renouée.

[7] — HEMICRANIO MEDENDO. Hemicranium (migraine), mot composé de ἥμισυς, demi, et κράνιον, tète, crâne , parce que la migraine est une douleur qui affecte la moitié de la tête.

[8] — Allia diversam per aurem (v. 30). Peut-être faut-il entendre diversam dans le sens de utramque, l’une et l’autre. Sammonicus écrivait à une époque où la pureté de la langue latine commençait à s’altérer.

[9] — Allia vel ternis piperis terna addita granis (v. 32). On retrouve ici l’idée superstitieuse que les anciens attachaient au nombre impair.

[10] — Sed noxia formae (v. 34). Noxia est pris ici comme substantif, le même que noxa, mais moins usité.

[11] — Copia faris uti frangentibus edita saxis (v. 36). Nous avons préféré frangentibus à frendentibus qu’on lit dans quelques éditions.

..............................Fruges quoque saepe miputas,

Robore quum saxi franguntur.

(Lucrèce, de Rerum natura, lib. I, v. 580.)

 

Et torrere parant flammis, et frangere saxo.

(Virgile, Enéide, lib. 1, v. 179.)

On rencontre néanmoins frendere fruges dans les vieux auteurs.

[12] — Ut varios crines (v. 41) Varios, expression élégante, par opposition à puros. Nous verrons plus loin dans le même sens: Variant maculae.

[13] — Vel frons lentisci, vel tristia poma sabuci (v. 50). Le lentisque est un arbrisseau d’où découle une résine odorante appelée mastic, de ματίζω, frapper, blesser, parce que, pour l’obtenir, il faut faire une incision dans l’écorce. L’hièble (sabucus) est une espèce de sureau, mais plus petite que le sureau proprement dit. C’est pour cela que notre auteur lui donne plus loin (v. 100 et 334) l’épithète de parva.

[14]. — Praedixit Plinius auctor (v. 56). Toutes les éditions, excepté celle d’Ackermann, portent Tullius; mais il est évident qu’il faut lire Plinius, d’autant que la recette citée ici se trouve dans Pline.

[15] — Si praegnans artus captivi soricis edit (v. 57). Sammonicus reproduit ici encore l’opinion de Pline (Hist. Nat., liv. xxx, ch. 5): Si oculi nigri nascentium placent, soricem praegnanti edendum exhibe.

[16] — Pherecydis fata tragaedi (v. 62). Phérécyde était un philosophe de l’île de Scyros. On ne lit nulle part qu’il ait été acteur ou poète tragique. Si le texte est exact, l’épithète de tragaedus ne peut s’entendre qu’au sens figuré.

[17] Sylla quoque infelix (v. 65). La fin de Sylla fut affreuse et donna un démenti cruel au surnom de Félix qu’il avait porte jusque-là. Par suite des excès auxquels on croit qu’il s’abandonnait pour étouffer ses remords, il se forma dans ses entrailles un abcès incurable d’où s’exhalait une odeur infecte. Il naissait de ses chairs pourries une si grande quantité de vermine, qu’il ne fut pas possible de le défendre contre ces insectes. Voici ce qu’on lit dans Pline (Hist. Nat., liv. vii, ch. 43) au sujet de cette triste fin de l’heureux Sylla : « Age, non exitus vitae ejus omnium proscriptorum ab illo calamitate crudelior fuit, erodente se ipso corpore, et supplicia sibi gignente? »

[18] — Vel inopia nobilis escae (v. 74). Quoique o soit ordinairement bref dans inopia, cette leçon nous a paru préférable à toutes les autres, qui ne présentent aucun sens.

[19] — Quod facit ex asino saccatus corporis humor (v. 77). Nous croyons qu’il faut lire saccatus plutôt que siccatus; c’est l’avis de Turnèbe, qui cite, à l’appui de sa correction, ce passage de Lucrèce

Pusi saepe lacum propter, se, ac dolia curta

Somno devincti credunt extollere vestem,

Totius humorem saccatum ut corpori fundant.

(De Rerum natura, lib. IV, v. 1020.)

[20] — Non semper praesens dolor est sanabilis (v. 103). Ovide avait exprimé la même pensée en deux vers qui sont passés en proverbe

Principiis obsta: sero medicina paratur,

Quum mala per longas invaluere morse.

(Remed. Amor., v. 91.)

[21] — Seu salamandra (v. 107). Les anciens croyaient que la salamandre avait le privilège de vivre dans le feu. Ce qui paraît avoir donné lieu à cette opinion, c’est que ce reptile à une humeur visqueuse qui le garantit pendant quelque temps de la brûlure. Phase, comme Sammonicus, croyait que son venin faisait tomber les cheveux.

[22] — Est elephas morbus (v. 131). Cette maladie a été appelée éléphantiasis, parce qu’elle rend la peau rude, épaisse, inégale, rugueuse, comme celle de l’éléphant.

[23] — Et chartam, quam gens Aegyptia mittit (v. 141). L’écorce du papyrus, comme nous l’avons dit plus haut, servait à faire du papier ou ce qu’on appelait charta. Dans la suite on a confondu ces deux mots.

[24] — Si vero vitium est quod ducit ab impete nomen (v. 157). On a donné le nom d’impétigo à une certaine maladie de la peau, semblable à la lèpre.

[25] — Mascula thura (v. 162). Virgile s’est servi de la même épithète

Verbenasque adole pugues et mascula thur.

(Eclog.,VIII,v.65.)

Nous ne pensons pas qu’on doive y attacher une autre idée que celle de force, comme on peut l’induire de la suite du même passage de Virgile

Conjugia ut magicis sanos avertere sacris

Experiar sensus.

[26] — Divinaque cura valebit (v. 162). L’usage ordinaire de l’encens explique naturellement l’épithète de divin que Sammonicus donne au remède composé avec cette gomme aromatique.

[27] — Sive obscenos ex virgine rores (v. 162). Le sens que avons donné à cette périphrase est évidemment plus plausible et moins détourné que celui de règles, menstrues, que proposent quelques commentateurs.

[28] — Vis et Phaebigenae (v. 183). Il est impossible d’admettre l’interprétation du scoliaste qui veut qu’on entende ici Circé, sous prétexte que cette magicienne était fille du Soleil, et connaissait les vertus des herbes. Sammonicus n’a songé qu’à Esculape, qu’il nomme tantôt Epidaurius, tantôt Deus Idae, tant6t enfin, comme le Phoebigena, fils d’Apollon.

[29] — Sed dolor immeritum lumen (v. 194). Immeritum est une épithète purement poétique, comme dans ce vers de Properce:

Et saepe immeritos corrumpas dentibus ungues.

(lib. II, eleg. 3, v. 3.)

[30] — Viventisve nepae (v. 196). S’agit-il d’une écrevisse ou d’un scorpion? Nous avons adopté le premier sens, d’après ce passage de Pline (Hist. Nat., liv. xxxii, ch. 7) « Cancri oculos adalligatos collo mederi lippitudini dicunt. »

[31] — Qui grana cumini (v. 220). Le cumin est une plante qui croit spontanément en Egypte et dans les contrées méridionales. Un des effets de sa graine est de rendre pâle.

[32] — Ambitiosa putas, sunt ista salubria cunctis (v. 239). Ce passage offrirait quelque difficulté, si l’auteur ne reproduisait plus loin (ch. xxviii) sa pensée d’une manière plus claire. Les médicaments recherchés, dit-il, ne sont pas toujours ceux qui sauvent.

[33] — Sic est Hortensius (v. 258). Il s’agit ici de l’orateur Hortensius qui tint le premier rang au barreau jusqu’au moment où Cicéron parut.

[34] — Aerium mel (V. 263). Reminiscence de Virgile : Protinu aerii mellis caelestia dona. (Georg. lib. IV, v.

Le miel était regardé comme un don de l’air, en ce sens qu’il a pour principe la rosée qui tombe dans le calice des fleurs, où l’abeille va butiner le suc dont on se sert pour le composer.

[35] — Hinc longum per iter nervos medicina sequetur (v. 283) les manuscrits portent hinc longos. Nous avons adopté la correction de scoliaste, qui présente un sens très naturel. L’auteur veut dire qu’il y a loin du cou à la cuisse, et que néanmoins, en se frottant la cuisse, on parvient longum per iter, à détendre les nerfs de cou.

[36] — Quos autem vocitant tolles (v. 288). Tolles, et tusillae ou tunsillae par diminution, vient du verbe tollere. On se sert plus généralement du mot tunsillae.

[37] — Qua grillus erit pressante peremptus (v. 289). Le grillon jouissait d’une grande autorité parmi les magiciens, parce qu’il marche à reculons.

[38] — Interiora vora veritus contingere dente (v. 297). On lit dans quelques éditions integriora. Ce comparatif, qui n’est pas d’ane bonne latinité, et qui d’ailleurs ne s’explique pas comme diminutif, nous a semblé une correction hasardée de quelque commentateur qui, faute de rapporter interiora au verbe contingere a cherché à éluder la difficulté.

[39] — Siliquaeque madentes (v. 312). Siliqua signifie en général la cosse des légumes, l’enveloppe des grains; mais il se prend aussi quelquefois dans le sens de silicia, fenugrec, sénegré. Ce qui nous persuade que ce mot doit être entendu ici dans ce dernier sens, c’est que Sammonicus dit plus loin (v. 434) siliquaeque legumen.

[40] — Seu salibus piper adde (v. 321). Quoique sales ne soit jamais employé au pluriel pour designer l’eau de mer, il n’est guère possible de lui donner ici un autre sens.

[41] — Et tenue cuminum (v. 321). Nous avons déjà fait remarquer que Sammonicus se servait souvent d’épithètes oiseuses ou pittoresques. Nous croyons donc que notre auteur a voulu seulement faire allusion, par le mot tenue, a la tige ou a la feuille menue et délicate du cumin.

[42] — Quae coctis tinges epulis et rapta vorabis (v. 322). Nous ne pensons pas, avec le scoliaste, que Sammonicus veuille, dans ce passage, parler d’un de ces remèdes qu’on peut prendre en mangeant. Il s’agit ici de remédier aux suites d’une indigestion, et d’ailleurs le mot rapta ne laisse aucun doute.

[43] Grana peregrini piperis (v. 328). Le poivrier était une plante exotique pour les Romains: de là l’épithète de peregrinum.

[44] — Nicolao molli (v. 329). Le nom de nicolai fut donné aux dattes de Syrie et à des gâteaux faits de ces dattes, parce que le philosophe Nicolas de Damas, est le premier qui en ait envoyé à Rome au temps d’Auguste.

[45] — Praeterea caules frondet si parva sabucus (v. 334). Nous n’avons vu là qu’une périphrase ni d’autre obscurité que celle qui accompagne ordinairement ce qui est prolixe et diffus. Notre poète aurait dit tout simplement en prose caulem sabuci, une tige d’hièble

[46] — At vomitum radix narcissi pota movebit (v. 341). Peut-être faut-il lire ad vomitum; la phrase présenterait alors un sens plus naturel. A quoi bon faire observer, sans rapport avec ce qui précède ni avec ce qui suit, que la racine de narcisse est un vomitif dont il faut se garder? Le conseil contraire serait plus conséquent, puisque l’auteur traite des remèdes propres à faire évacuer la bile.

[47] — Et raptas fumis mandare coronas (v. 356). On attribuait sans doute quelque vertu magique au lierre jeté au feu après qu’on s’en était servi.

[48] — Navis ramentum (v. 363). Résine mêlée de cire qu’on raclait du corps des navires, et que les Grecs appelaient ζώπισσα.

[49] — Graecos hyoscyamon (v. 365). Le fruit de l’hyoscyamon ou, comme nous l’appelons maintenant, de la jusquiame, ressemble a la fève et donne des convulsions aux porcs: de là son nom compose de ὖς, porc, et κύαμος fève. L’épithète insana, que lui donnaient les Latins, lui était sans doute appliquée en raison de sa propriété de produire la folie. On trouve plus loin (v. 1079) le remède à employer contre cette sorte de délire.

[50] — Saepe lapis teritur, specularem nomine dicunt (v. 373). Talc, pierre transparente [specularis] dont les anciens faisaient leurs vitres.

[51] — Vel jus perdicis apricae (v. 384). Aprica, qui aime le soleil. Une remarque que nous consignons ici, quoique déjà plusieurs fois l’occasion se soit présentée de la faire, c’est que toutes les fois que Sammonicus donne une épithète à une plante ou à un animal, c’est comme poète, et non comme médecin. C’est ainsi que, quelques vers plus haut, il la qualifie la perdrix de babillarde [garrula].

[52] — Quid referam multis composta philonia rebus (v. 393). Ce remède était ainsi appelé du nom de son inventeur, Philon, médecin de Tarse.

[53] — Jungenturque simul costum, foliumque, piperque (v. 397). Le costus est une plante aromatique de l’Asie. Quant à celle que notre auteur appelle folium, elle est inconnue aujourd’hui, du moins sous ce nom.

[54] — Quod telum commemoratur (v. 399). Les Latins donnaient à la pleurésie le nom de trait, à cause des douleurs aiguës qui la caractérisent.

[55] — Mollibus ex hederae tornantur pocula lignis (v. 406). Le lierre passait pour communiquer au vin ou à tout autre breuvage une vertu très salutaire. On lit dans Pline (liv. xxiv, ch. 10) « Hujus quoque ligni vase spleneticos bibentes sanari invenio. »

[56] — Deus Idae (v. 425). Esculape, adore a Pergame, dans le voisinage du mont Ida.

[57] — Dulcia, Plautus ait (v. 426). Le passage auquel Sammonicus fait allusion, ne se trouve dans aucune des pièces de Plaute qui sont parvenues jusqu’à nous.

[58] — Ut mihi Sardois videatur proximus herbis (v. 428). Ce passage nous donne l’étymologie du mot sardonique, appliqué au rire.

[59] — Siliquaeque legumen (v. 434). Voyez la note 39.

[60] — Aut quae poma Cydon Creteis misit ab oris (v. 436). Le coing, fruit du cognassier, qui, d’après le témoignage de Pline, était très commun dans les environs de l’ancienne ville de Cydon, dont il porte le nom.

[61] — Cui tamen exstincto munus debetur humandi (v. 442). Sammonicus veut qu’on tue et qu’on enterre le chien, qui a pris le mal de l’homme, pour prévenir, sans doute, la contagion.

[62] — Quod superest thridaci (v. 445). On lit dans quelques éditions styraci. Le styrax ou storax est une gomme odoriférante qui découle d’un arbre de l’Arabie.

[63] — Cum succo Palladis (v. 458). L’olivier paraît avoir été des premiers arbres cultivés parmi les hommes. Les nombreux et utiles usages auxquels sont employés ses produits, l’ont fait regarder, de tout temps, comme un des végétaux les plus précieux pour l’espèce humaine. Les Grecs l’avaient consacré à Minerve ou Pallas.

[64] — Farraque, quae tremulis prosunt sudantia flammis (v. 459). Les annotations des commentateurs ne jettent aucun jour sur ce passage; et, de notre côté, nous craignons bien de n’avoir pas été plus heureux.

[65] — Quodque decem rebus componi ex nomine clarum est (v. 47a). Sorte de médicament que les Grecs appelaient δεκάμυρον.

[66] — Saepe et scillitico (v. 507). On appelait scilla, squille, une espèce d’oignon marin.

[67] — Nec non apposito curantur dropace (v. 511). Dropax, nom grec d’une sorte d’onguent siccatif.

[68] — Prunaque conveniunt, quae mittit clara Damascus (v. 519). Damas a toujours été célèbre par ses fruits, ses eaux et son air, ce qui l’a fait surnommer l’odeur du Paradis.

[69] — Silvestris fici lacrymam (v. 529). Lacryma, expression poétique pour succus.

[70] — Quodque satis melius verbis dicemus Horati (v. 53o). Voyez Horace, Sat., liv. ii, sat. 4, v. 28.

[71]  — Saepe thalassomeli (v. 534). Mot compose de θάλασσα mer, et de μέλι, miel.

[72] — Succus aminaeae vitis (v. 541). Suivant Macrobe (Saturn., liv. i, ch. 2), Aminaei était l’ancien nom du mont Falerne, célèbre par ses vins; mais son opinion n’est qu’une conjecture, du reste, le vin dont parle ici Sammonicus était très renommé. On lit dans Virgile liv. ii, v. 97 :

Sunt etiam amineae vites, firmissima vina.

Pline dit aussi (liv. xiv, ch. 2) que ce vin se conservait longtemps, et qu’il gagnait en vieillissant. « Principatus datur amineis, propter firmitatem, senioque proficientem vini ejus ubique vitam. »

[73] — Arbore Pyramea (v. 550). On sait que ce fut sous un mûrier qu’eut lieu la triste fin de Pyrame et de Thisbé, si gracieusement racontée par Ovide. Le sang des deux amants, en tombant sur les fruits de cet arbre, les rendit rouges, de blancs qu’ils étaient auparavant.

[74] — Democritus (v. 570). Démocrite, philosophe de l’école d’Elée, adopta et perfectionna le système des atomes, inventé par Leucippe. Il admettait une multitude d’esprits, de génies et de démons gigantesques: tous ces êtres étaient formés d’atomes subtils, remplissaient l’air, nous environnaient de toutes parts, et nous faisaient tantôt du bien, tantôt du mal. De là il concluait que la divination et autres pratiques superstitieuses n’avaient rien que de raisonnable. C’est ce qui nous explique pour quoi le nom de ce philosophe se trouve mêlé à l’histoire de la médecine, de la théurgie et de la magie.

[75] — Nec non resinas ex Oricia terebintho (v. 586). Oricos était le nom de deux villes grecques, situées l’une en Epire, l’autre en Macédoine.

[76] — Saxifragam, vel fontigenam (v. 599). Le saxifrage, dont Pline rapporte le nom à sa prétendue vertu lithontriptique, le doit plutôt, ainsi que le remarque M. Decandolle, à la manière dont il végète dans les fentes des rochers. Nous supposons, sans l’affirmer, que l’herbe désignée ici sous le nom de fontigena, est la scolopendre, qui croît, en effet, dans les puits, les fosses et les lieux humides, et qui jouit de propriétés apéritives et diurétiques.

[77] — Hoc potent quartus magni monstrare Lucreti (v. 610). Lucrèce a traité fort au long de l’amour dans le quatrième livre de son poème de Rerum natura (v. 1029 et suiv.).

[78] — Aut quum olim menses minus octo moratus in alvo (v. 622). Il semblerait, au premier coup d’œil, que Sammonicus suppose le cas d’un accouchement prématuré; mais, si l’on observe qu’il traite exclusivement dans ce chapitre des moyens d’assurer un accouchement facile et heureux, et non des suites de l’accouchement, on reconnaîtra que le sens que nous avons adopté est plus conséquent, bien qu’il ne suit pas celui qui se présente d’abord à l’esprit.

[79] — Detrahe quod superest, illo genitalia necte (v. 640). Quelques éditions portent alio; mais nous avons suivi les plus anciennes, oii se lit jib, qui présente un sens moins embarrassé.

[80] — Haec simul incantans (v. 658). Il est à remarquer que Sammonicus, qui jusqu’ici ne conseille contre les maladies que des moyens naturels, passe tout d’un coup aux remèdes magiques. On ne saurait douter néanmoins, comme quelques critiques, que le poème ne soit tout entier du même auteur. Le style et la manière sont, d’un bout à l’autre, parfaitement homogènes.

[81] — Quem dat avis tremalis simulat quae pellibus alas (v. 668). Il n’est personne qui, à ce caractère, ne reconnaisse ici la chauve-souris.

[82] — Sed quae parva situ est (v. 672). Parva situ, c’est-à-dire petite par la structure. Pline le Naturaliste (liv. xxxii, ch. 10) recommande, en effet, pour le même usage, une grenouille verte de la plus petite espèce.

[83] — Samia torretur in olla (v. 674). Les vases de Samos étaient faits de terre, de sorte que vase de Samos et vase de terre devinrent synonymes.

[84] — Nereia lympha (v. 683). Nereia lympha, pour aqua marina, eau de mer. Nérée était le plus ancien dieu de la mer.

[85] — Aut in aminaeo.... Lyaeo (v. 704). Voyez la note 72.

[86] — Ennius ipse pater (v. 709). Horace a dit de ce poète des premiers temps de la littérature romaine:

Ennius ipse pater nunquam, nisi potus, ad arma

Prosiluit dicenda.

(Epist. lib I, ep. 19, v.7.)

[87] — Pythagorae cognata (v. 737). Réminiscence d’Horace: « O quando faba Pythagorae cognata! » (Serm., lib. II, sat, 6, v. 63.) Pythagore, qui croyait à la métempsycose, ne mangeait ni viande ni poisson, et même parmi les légumes, il faisait des distinctions. Il prétendait que les fèves avaient été formées de la même matière que l’homme; aussi s’en abstenait-il dans la crainte de manger un parent. 

[88] — Est etiam morbi species, quae dicitur ignis (v. 757). Cette maladie est vulgairement appelée aujourd’hui feu Saint-Antoine.

[89] — Non audita mihi sit fas, sed lecto referre (v. 788). On rencontre à chaque instant dans Sammonicus des réminiscences des poètes du siècle d’Auguste. Il est évident qu’il s’est souvenu ici de ce passage du sixième livre de l’Enéide (v. 266) : « Sit mihi fas audita loqui ......... »

[90]Hoc quidam raptus morbo per tempora messis (v. 789). L’histoire de cette guérison due au hasard est tirée de Pline (Hist. Nat., liv. xxii, ch. 25) « Sextus Pomponius, Hispaniae Citerioris princeps, quum horreis suis ventilandis praesideret, corruptus dolore podagrae, mersit in triticum sese super genua; levatusque siccatis pedibus mirabilem in modum, hoc postea remedio usus est. »

[91] — Et tritam chamaecisson (v. 795). Mot grec compose de χαμαὶ, par terre, et κισσὸς, lierre.

[92] — Tum lixiva cinis (V. 798). Sammonicus emploie indifféremment cinis au masculin et au féminin. Ainsi, quatre vers plus loin, il dit atra cinis.

[93] — Utque Larissaea curatus Telephus hasta (v. 831). La lance d’Achille, œuvre de Vulcain, passait pour guérir les blessures qu’elle avait faites. Télèphe éprouva la vertu surnaturelle de cette arme divine. Blessé par Achille sous les murs de Troie, il fut guéri par un emplâtre fait avec la rouille de la lance qui l’avait frappé. Larisse, ville de Thessalie, était la patrie d’Achille : de là l’épithète de Larissaea donnée à sa lance.

[94] — Et documenta dedit nobis prostratus Orion (v. 865). Suivant la fable, Orion, fils de Neptune, se rendit célèbre par son amour pour l’astronomie et par son goût pour la chasse. Diane, qu’il avait osé défier a qui prendrait le plus de bêtes sauvages, fit sortir de la terre un scorpion dont la piqûre lui fit perdre la vie. La déesse ne tarda pas à s’affliger de la mort du bel Orion, et obtint de Jupiter qu’il fut placé dans le ciel, où il ferme la plus brillante des constellations.

[95] — Simae de lacte capellae. (v. 873). Réminiscence de Virgile:

Dum tenera attondent simae virgulta capellae.

(Bucol., ecl. X, v. 4.)

[96] — Ostocopon (v. 887). Mot grec compose de ὀστέον, os, et de κόπος travail, douleur.

[97] — Doridis humor (v. 913). Doris, déesse de la mer, pour la mer elle-même. Ainsi Virgile a dit:

Sic tibi, quum fluctus subterlabere Sicanos,

Doris amara suam non intermisceat undam.

(Bucol., ecl. X , v. 4.)

[98]Sed prius est oleo partus fervescere ranae in triviis (v. 916). Pline (liv. xxxii, ch. 10) fait mention de ce remède, qui appartient à la magie. « Ranae vero in trivio decoctae oleo abjectis carnibus perunctos liberant quartanis. »

[99]Multaque praeterea verborum monstra cilebo (v. 933). Caton, par exemple, prétendait guérir les luxations en prononçant les mots suivants: Gibel. Danata. Daries. Dardaries. Astaries. — Pour apaiser le mal de dents, on s’attachait au cou un papier sur lequel était écrit Galbes. Galbat. Galde. Galda. — L’hémorragie s’arrêtait aussi devant ces mots prononcés tout bas Charat. Carasarite. Confirma. Consona. Imabolite. — Dans son Traité d’Agriculture, Varron conseille contre la goutte : Sista. Pista. Kista. Xista., et contre le mal de dents : Anasaga. Anasaga., qu’il faut prononcer trois fois.

[100] — Quod dicitur abracadabra (v. 939). Les lettres de ce mot magique devaient être disposées de l’une de ces deux manières

Cette figure étant principalement composé des lettres du mot abraca, le même qu’abracax, que l’on croyait le plus ancien des dieux, était elle-même révérée comme une espèce de divinité.

[101] — Coralium (v. 946). On a cru longtemps que le corail avait une vertu surnaturelle; qu’il préservait, par exemple, des terreurs paniques et de la foudre.

[102] — Aut lapis ex nido, vaga quem congessit hirundo (v. 1025). Ces pierres lenticulaires ne se trouvent que dans le lit des torrents. On ignore la raison qui a pu donner lieu aux anciens de croire qu’elles se formaient dans le ventre des hirondelles.

[103] — Regius est.... morbus (v. 1028). Sammonicus et Celse expliquent de la même manière l’origine du surnom donné à la jaunisse. Il est plus probable qu’elle a été appelée mal royal parce qu’elle naît de l’ennui qui dévore ordinairement les grands et les riches.

[104] — Strix atra (v. 1039). Les sorciers et les sorcières, la magie, l’astrologie, ne sont point une création du moyen âge. La superstition, née de l’ignorance et de l’amour du merveilleux, est une chose de tous les temps et de tous les lieux. On petit consulter, sue cette partie curieuse de l’histoire de l’esprit humain, la Démonolatrie de Nicolas Remi, les Pratiques superstitieuses de Lebrun, les Disquisitions magiques du P. Debris, les œuvres de Cardan, le traité De amatoria Magia de Célius Caliginus, le Dictionnaire infernal de M. Collin de Plancy.

[105] — Allia praecepit Titini sententia (v. 1041). Sammonicus est le seul qui fasse mention de ce poète comique.

[106] — Produnt electri (v. 1060). Electrum, nom dérivé du grec épithète du soleil, et donné à l’ambre, à cause de sa couleur.

[107] — Antidotus.... Mithridatica (v. 1064). Tous les historiens s’accordent à dire que Mithridate voulut s’empoisonner pour ne pas tomber au pouvoir des Romains, mais que le fréquent usage qu’il avait fait des antidotes l’empêcha de réaliser son dessein. Il est probable que celui dont parle Sammonicus n’était pas le seul dont il fît usage.

[108] — Juglandesque duas, totidem cum corpore ficus (v. 1069). En y réfléchissant un peu, on ne conçoit pas ce que l’auteur a pu vouloir dire par ficus cum corpore. Heinsius propose de lire:

Juglandisque duas trito cum corpore ficus,

c’est-à-dire « deux figues avec une noix broyée. »

[109] — Qui solus patriae cunctando restituit rem (v. 1097). Vers d’Ennius, conservé par Virgile, qui n’a pas cru pouvoir dire mieux en parlant de ce Fabius, qui fatigua Annibal par ses marches et contremarches:

...................................Tu maximus ille es,

Qul nobis unus cunctando restituis rem.

(Enéide, lib. VI, v. 846.)

[110]Quae fertur nomine lathyr (v. 1100). Lathyr, par syncope, pour lathyris. Cette herbe parait être la même que celle que nous appelons épurge.

[111] — Conchyli sanguine tinctum (v. 1104). Le murex ou purpura, poisson à coquille, dont les anciens tiraient la couleur de pourpre.

[112] — Ni violent, sanant juglandis fragmina clausas (v. 1107). Littéralement : « Si le remède n’était trop violent, il serait bon d’y recourir. » Toutefois l’auteur l’interdit moins qu’il ne conseille d’en user avec précaution et ménagement.